170 bouquetins risquent d’être abattus en Haute-Savoie
nature Putain, il vient vers nous. Tu vois, il est pas du tout impressionné. Regarde, il va même se poser juste à côté de nous, c’est complètement incroyable. Il se laisse approcher, sans problème, et c’est en ça qu’il est vraiment important de le protéger, parce qu’il est hyper emblématique de la montagne et toute la faune en général. Donc je ne vois pas pourquoi on irait détruire tout ça alors qu’on a mis tant d’argent et tant de moyens, en fait, pour les protéger. Ce dont parle Pierre, c’est de l’arrêté publié Lou Malaquin Journaliste pour Brut. par le préfet de Haute-Savoie Il autorise l’abattage de 170 bouquetins dans le massif du Bargy alors que c’est une espèce qui est protégée depuis plus de 40 ans. En fait, on suspecte le bouquetin d’avoir transmis la maladie de la brucellose à un bovin en novembre dernier. 26 Tout le troupeau a dû être abattu. Le bouquetin, c’est un animal qui a pratiquement complètement disparu de nos montagnes parce qu’il a été beaucoup chassé. C’est un animal qui est très, très peu farouche, donc qui est assez accessible et qu’on a réintroduit un peu partout dans nos massifs. Pierre Raphoz Photographe animalier Chamois et bouquetins, en provenance du canton du Valais en Suisse ont été rendus à la nature, sur les pentes escarpées du massif des Aravis. Tu sens l’odeur? – Là, t’en as juste au-dessus, regarde. Regarde ce qu’il fait, là, il est allé se mettre entre les deux arbres, exactement pour se gratter, quoi. C’est pour vraiment enlever un peu son pelage. – Ouais, c’est dingue, j’avais jamais vu ça. Et donc tu vois, il y a lui qui a fait ça, et là t’as les deux jeunes petits qui sont là-bas qui vont faire exactement la même chose, qui sont sur l’arbre. La brucellose est une épée de Damoclès pour les agriculteurs de la région. La France étant considérée comme “indemne” de brucellose depuis 2005, elle possède des avantages commerciaux dans les exportations de lait et de viande. Avoir un animal malade remet donc en cause toute la filière. Il y a eu une sorte de transposition Jean-Pierre Crouzat Vice-Président régional de ce qui se fait dans l’élevage domestique à la faune sauvage, lorsqu’il y a une infection de ce type, où la réglementation impose d’abattre tout le troupeau. Mais partout dans le monde, lorsque ça a été testé, expérimenté, ça ne marche pas. On ne sait jamais exactement où sont les animaux, d’animaux sauvages, et il en reste toujours qui sont dans des groupes de population qui sont fragmentés et qui ont tendance plutôt à répandre et à diffuser les infections plutôt que de régler le problème. Donc c’est ce qui s’est passé en 2013, 2015 et c’est pourquoi nous disons que les tentatives d’abattage indiscriminé sont contre-productives. – L’abattage indiscriminé, ça veut dire qu’on va abattre des bouquetins sans savoir s’ils sont malades ou non, c’est ça? -Exactement. Il existe des alternatives. S’il n’en existait pas, peut-être, mais là, il existe des alternatives qui sont scientifiquement avérées. La bonne méthode n’est pas de procéder à des abattages indiscriminés, en quelque sorte en tirant dans le tas. La méthode la plus fiable selon les milieux scientifiques, c’est de capturer le plus possible, de marquer, d’euthanasier les séropositifs et aussi de bien séparer les zones de pâture du cheptel domestique par rapport aux zones fréquentées par la faune sauvage. Le Conseil national de protection de la nature a publié un avis défavorable à l’unanimité sur cet arrêté. Et d’ailleurs, une consultation publique en février dernier RPPEL a récolté 84 % de voix défavorables. On a tenté de contacter la préfecture de Haute-Savoie à plusieurs reprises, mais nos sollicitations d’entretien sont restées sans réponse. D’en arriver aux armes à feu, c’est sûr et certain que… Enfin, je ne peux pas considérer ça Enfin, je ne peux pas comme étant une solution. C’est un animal, sur la communication et sur notre tourisme, qui fait clairement aussi partie de notre économie. .nature Journalistes Nadège Justiniani Montage Camille de Zaluski
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