Un proche du gouvernement saoudien a révélé à l’Agence France-Presse que les autorités saoudiennes avaient précédemment demandé l’extradition du principal suspect de l’attaque survenue vendredi au marché de Noël en Allemagne. Cette déclaration intervient alors que plusieurs agences ont admis avoir reçu des mises en garde à son sujet.
Conformément aux informations rapportées durant le week-end, la source a indiqué que l’Arabie saoudite avait averti l’Allemagne “à plusieurs reprises” concernant Taleb al-Abdulmohsen, un citoyen saoudien connu pour sa propagation de propagande anti-islamique sur les réseaux sociaux. La source n’a pas précisé pourquoi il était considéré comme potentiellement dangereux.
« Une demande d’extradition a été formulée », a précisé la source à l’AFP, sans fournir de détails sur les raisons de cette demande, ajoutant que Riyad avait averti qu’il “pourrait être dangereux”.
Les interrogations se multiplient en Allemagne quant à la possibilité que l’attaque de vendredi à Magdeburg, ayant causé la mort de cinq personnes, aurait pu être évitée. Des rapports font état de défaillances en matière de sécurité, de décisions d’immigration discutables, ainsi que d’efforts de la part de la police pour confronter le suspect de 50 ans en raison de son comportement menaçant, qui auraient été laissés sans suite.
Abdulmohsen, consultant psychiatre, est actuellement en garde à vue, suspecté de meurtre, de tentative de meurtre et de blessures corporelles graves.
Lors de l’attaque, un SUV Mercedes noir a fauché des foules sur une distance de 400 mètres au marché de Noël situé au cœur de Magdeburg, dans l’est de l’Allemagne. Plus de 230 personnes ont été blessées au cours de cette attaque qui a duré trois minutes, dont 41 se trouvent dans un état critique. Ce chiffre a été révisé à la hausse lundi, passant d’environ 200 à plus de 230.
Holger Münch, le directeur de l’Office fédéral de la criminalité en Allemagne (BKA), a déclaré à la télévision allemande que Berlin avait reçu un avertissement de l’Arabie saoudite l’année dernière, mais qu’après enquête, il avait été jugé trop vague pour justifier une action.
Les forces de l’ordre avaient tenté de contacter Abdulmohsen pour discuter d’une “analyse de menace”, mais auraient abandonné cette démarche après ne pas l’avoir trouvé à son domicile.
Sa réputation pour avoir posté des messages menaçants, tant en ligne qu’en personne, est au cœur de l’enquête sur le meurtre. Dimanche, Christian Pegel, ministre de l’Intérieur d’État, a déclaré que le suspect avait fait référence à l’attaque terroriste islamiste de 2013 sur le marathon de Boston lors d’un différend professionnel à la même époque.
À Magdeburg, où une mer de fleurs et de bougies a été déposée sur le site de l’attaque, les 240 000 habitants de la ville tentent de faire face à ce drame. Les autorités municipales ont critiqué comme étant “profondément irrespectueuse” les nombreuses tentatives de politiser l’attaque.
Le parti d’extrême droite, l’Alternative für Deutschland (AfD), qui est en tête des sondages en vue d’élections anticipées en février, a invité ses partisans à participer à un rassemblement sur la place de la cathédrale, malgré le fait qu’Abdulmohsen ait exprimé à plusieurs reprises son soutien au parti et à ses affiliés sur les réseaux sociaux.
La dirigeante de l’AfD, Alice Weidel, doit s’adresser aux participants. L’accent sera mis sur la critique des politiques d’immigration du gouvernement.
Une contre-manifestation intitulée “Ne laissez pas la haine prendre le dessus” est prévue au même moment, avec pour objectif de former une chaîne humaine autour de la ville.
Samedi, des manifestants d’extrême droite venus de toute l’Allemagne, vêtus de noir et masqués, se sont rassemblés à Magdeburg, en criant en référence aux immigrants : “Jetez-les dehors”.
La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a appelé tous les partis politiques à s’unir pour adopter rapidement des lois sur la réforme policière et la surveillance biométrique, qui risquent d’être mises de côté ou annulées après l’effondrement du gouvernement le mois dernier.
Dans une interview accordée à Spiegel, Faeser a déclaré : “Il est clair que nous devons tout faire pour protéger la population allemande contre de tels actes de violence horribles. Pour ce faire, nos autorités de sécurité ont besoin de tous les pouvoirs nécessaires ainsi que de davantage de personnel.”
Les conservateurs de l’opposition ont affirmé que l’Allemagne avait un besoin urgent d’une réévaluation des capacités des forces de sécurité intérieure à accéder aux informations, en particulier aux données numériques, et ont critiqué le fait que trop souvent, les autorités dépendent d’informations provenant de l’étranger pour déjouer les attaques sur le sol allemand.
« Il ne peut plus être acceptable que nous soyons satisfaits du fait que les informations sur les criminels violents et les terroristes proviennent souvent uniquement de services étrangers », a déclaré Günter Krings, porte-parole de la justice de la CDU, aux médias allemands.
Il a ajouté qu’il fallait faciliter la tâche des services de sécurité pour appréhender les personnes dangereuses portées à leur attention avant qu’elles n’aient la possibilité de commettre des attaques.
La sécurité dans de nombreux marchés de Noël à travers le pays a été renforcée suite à l’attaque de vendredi, où l’agresseur a utilisé un couloir destiné aux véhicules d’urgence pour pénétrer dans le marché.
À Bremerhaven, dans le nord-ouest du pays, la police a annoncé l’arrestation d’un homme de 67 ans qui avait publié une vidéo sur TikTok dans laquelle il menaçait de commettre des attaques à l’arme blanche contre des personnes à la peau foncée dans son marché local le jour de Noël.
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