Le terme “cumshot”, souvent désigné par des expressions comme “crème vanille” ou “décharge finale”, fait référence à l’éjaculation masculine dans les vidéos pornographiques. Ce phénomène, omniprésent sur Internet, soulève de nombreuses interrogations. Bien que l’on puisse en voir des exemples sur diverses plateformes, il est légitime de se demander si quelqu’un apprécie réellement ce type de scène.
Une étude récente publiée dans la revue Sexes, intitulée As Long as It’s Not on the Face, met en lumière l’opinion du public sur les cumshots. L’auteur de l’étude, Eran Shor de l’université McGill, note qu’aucune recherche antérieure n’avait examiné les perceptions et les préférences autour de ce sujet. Shor a interrogé plus de 300 personnes de diverses origines, révélant que la majorité des participants ne se souciaient pas de l’éjaculation masculine ou préféraient qu’elle se produise dans le vagin de leur partenaire. En fait, de nombreux spectateurs trouvent dérangeantes les éjaculations dans la bouche ou sur le visage.
Ce constat pourrait sembler surprenant, mais il s’inscrit dans une critique plus large de la pornographie, souvent perçue comme une représentation des attentes patriarcales vis-à-vis de la sexualité féminine. Terrie Schauer, dans un article de 2005, soulignait que l’éjaculation sur des zones corporelles qui symbolisent la féminité peut être interprétée comme une dégradation de celle-ci. Bien que tous les féministes ne partagent pas cette perspective, l’idée que les cumshots sont dégradants pour les femmes est largement répandue.
Les données de consommation pornographique semblent corroborer cette vision. Une étude de 2021 a révélé que 24 % des vidéos les plus visionnées sur Pornhub incluaient une éjaculation sur le visage d’une femme. Toutefois, l’étude de Shor remet en question l’idée que les hommes se réjouissent de ces scènes. En effet, parmi les participants, un pourcentage significatif a exprimé une préférence pour l’éjaculation vaginale plutôt que faciale.
Pour certains, comme Liam, un homme hétérosexuel de 25 ans, la question est davantage liée à l’intérêt qu’à une préférence stricte. D’autres, comme Christine, une étudiante bisexuelle, expriment clairement leur aversion pour les cumshots. David, un homme de 31 ans, considère que ces scènes manquent de respect, tandis que Tom, âgé de 34 ans, critique le fait qu’elles obligent les femmes à se laver après l’acte.
Fiona, 29 ans, perçoit les cumshots comme un mensonge véhiculé par les hommes pour satisfaire des exigences cinématographiques. Elle souligne que la pornographie semble souvent conclure par un cumshot, indépendamment des préférences des spectateurs.
La prévalence des cumshots dans les films pornographiques soulève des questions essentielles. Eldin Hasa, neuroscientifique, s’interroge sur les raisons de cette standardisation, alors que la majorité des spectateurs expriment peu d’intérêt pour ces scènes. Hasa suggère que l’industrie répond à des attentes préconçues, renforçant l’idée que l’éjaculation masculine sur certaines parties du corps est normale.
Emilie Lavinia, éducatrice sexuelle, aborde également le fonctionnement des sites pornographiques gratuits, qui favorisent la diffusion de contenus populaires, même si ceux-ci ne correspondent pas aux préférences des utilisateurs. Elle met en garde contre la désinformation véhiculée par ces représentations. Pour elle, la question se pose de savoir si l’éjaculation masculine peut être filmée sans être perçue comme dégradante pour les femmes, selon le contexte et l’intention de la scène.
Il est crucial de garder à l’esprit que la pornographie est une mise en scène. T6X87, un producteur de porno gay, souligne que le cumshot est également présent dans le porno LGBTQ+, et que ses significations varient selon les contextes. Il rappelle que le consentement et l’excitation des participants peuvent transformer un acte potentiellement dégradant en une expérience positive.
En fin de compte, la discussion autour des cumshots ne se limite pas à leur présence dans la pornographie, mais inclut aussi la manière dont ils sont perçus et interprétés. Lavinia insiste sur l’importance de ne pas réduire les personnes à des stéréotypes basés sur leur expérience sexuelle. Pour elle, la véritable problématique réside dans le langage utilisé pour décrire ces scènes. Le respect et le consentement doivent toujours primer.
Il est essentiel de rester critique face à ce que l’on voit dans les films pornographiques, car la majorité des décisions de production sont souvent motivées par des impératifs commerciaux. Ainsi, la prochaine fois que vous regardez un film pour adultes, gardez à l’esprit que derrière chaque scène, il y a des choix créatifs façonnés par des attentes de marché.
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