Syrie : inquiétude des avocats face au contrôle du barreau

Un Nouveau Chapitre pour le Barreau Syrien

Le paysage juridique syrian est en pleine transformation après la chute de Bachar Al-Assad le 8 décembre 2024. Au cœur de Damas, le barreau central s’anime avec de nombreux avocats et une volonté de changement. Les islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) ont rapidement pris le contrôle et en moins de dix jours, un nouveau conseil de l’ordre a été établi, remplaçant l’ancien système instauré par le parti Baas. Cette transition fait partie d’un mouvement plus vaste pour réformer les institutions du pays.

Renouveau du Conseil de l’Ordre

Sous la direction d’Ahmed Mohamed Al-Douran, le nouveau conseil de l’ordre réunit onze membres, tous issus de la région d’Idlib, qui ont fait leurs preuves depuis 2017 dans le cadre d’une autorité judiciaire alternative. Leur objectif est clair : éliminer l’influence ancienne et corrompue du Baas, désormais dissous. Cette volonté de renouveau s’accompagne d’une légitimité revendiquée par les membres du barreau, qui se considèrent comme les véritables représentants de la communauté juridique syrienne.

Un Engagement Décidé

Iskander Hussein, un avocat engagé et membre du nouveau conseil, exprime des sentiments forts face à leur mission : « Nous sommes venus ici, sur ordre de la révolution, pour faire tomber le régime Al-Assad et le conseil de l’ordre. » Ce témoignage illustre la motivation sous-jacente de cette réforme, où les anciens membres du conseil de l’ordre sont accusés de corruption et de crimes. La nouvelle équipe a donc décidé de geler les activités de ces anciens membres jusqu’à ce qu’une enquête soit menée.

Challenges et Conditions de Travail Difficultés

La situation sur le terrain reste précaire. Les avocats doivent souvent jongler entre leur engagement professionnel et des conditions de vie difficiles. Par exemple, Iskander Hussein passe ses nuits dans son bureau, loin de sa famille restée à Idlib. Ce sacrifice personnel met en lumière les défis que rencontrent de nombreux avocats syriens dans ce contexte instable. Voici quelques défis qu’ils doivent relever :

• Conditions de sécurité précaires
• Manque de ressources matérielles et financières
• Pressions politiques et juridiques persistantes

Implications pour la Justice en Syrie

Avec cette réorganisation, les attentes envers le système judiciaire syrien sont élevées. Les avocats aspirent à une justice transparente et équitable, loin des anciennes pratiques. Une nouvelle ère pourrait voir le jour si ces dirigeants arrivent à travailler ensemble pour établir un cadre légal solide. Leurs efforts fourniront peut-être un modèle pour d’autres institutions à reconstruire.

Perspectives d’Avenir

L’avenir du barreau en Syrie demeurera tributaire de la stabilité du nouveau régime et de l’évolution politique du pays. Les avocats, comme Iskander Hussein, représentent une lueur d’espoir pour une transition pacifique vers la justice et la rédemption. Les liens entre les avocats de Damas et ceux d’Idlib, ainsi que l’engagement à construire un système basé sur des valeurs démocratiques, seront cruciaux. Le chemin est semé d’embûches, mais l’engagement ferme et les aspirations des avocats laissent entrevoir une évolution positive de la profession juridique en Syrie.