Depuis 2008, au moins une station de mesure dépasse les 40°C chaque année (à l’exception de 2014). Et les étés 2019 et 2020 ont vu un véritable festival de 40°C, avec une extension de ces maximales vers le nord du pays.
Le pic caniculaire sera atteint ce week-end à l’échelle du pays, mais les très fortes chaleurs se poursuivront en début de semaine prochaine. #canicule2020 intense et durable, avec des températures nocturnes particulièrement élevées, notamment en milieu urbain. #VigilanceRougepic.twitter.com/ctl6fmLhQX
— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) August 7, 2020
Pour la quatrième fois cet été, après le 30 juillet (41,9°C à la pointe de Socoa), 31 juillet (40,2°C à Vichy) et 1er août (41,5°C à Nîmes), le seuil symbolique des 40°C sous abri est atteint sur le réseau principal Météo France, ce 7 août : 40,8°C à Gourdon actuellement ! pic.twitter.com/NVlnxdN8J8
— Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) August 7, 2020
“Le hasard devient plus probable”
Les scientifiques prévoyaient bien une hausse des extrêmes largement plus rapide que l’augmentation moyenne de la température. Mais ces épisodes aussi intenses deux années de suite sont-ils le signe d’une accélération spectaculaire du réchauffement climatique en France?
A priori non, répondent les experts, qui notent que deux années ne sont pas suffisamment représentatives. Les modélisations prévoient bien un dépassement du seuil quasiment tous les ans mais seulement “vers le milieu du siècle et plutôt dans le Midi”, indique à l’AFP Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre et Simon Laplace de recherche en sciences de l’environnement.
Il y a 20 ans, cette carte aurait été historique… Aujourd’hui, elle deviendrait presque habituelle. La #canicule s’accentue ce vendredi avec 40°C ou + dans un large quart sud-ouest jusqu’aux bords de Loire avec de possibles records à la clé. 45 dépts en #VigilanceOrange… @LCIpic.twitter.com/sDx1xmobLk
— Guillaume Woznica (@GWoznica) August 7, 2020
Alors 40°C dépassés comme ça sur deux années de suite, ”ça peut paraître un peu étonnant, mais c’est probablement un hasard”, poursuit-il. Un “hasard” aussi pour son confrère Christophe Cassou. “Mais il faut le voir comme une tendance: le hasard devient plus probable”, poursuit le climatologue du centre de recherche Cerfacs à Toulouse.
Jusqu’à 40°C prévus à #Paris demain samedi par certains modèles HD (dont Arome). Le record mensuel de 39,5°C le 11 août 2003 serait donc menacé. A confirmer, en raison de la nébulosité à moyenne altitude (averses orageuses dans l’ouest). Carte via @infoclimat#caniculepic.twitter.com/tCth0ueW7S
— Keraunos (@KeraunosObs) August 7, 2020
Les 35°C, un indicateur plus éclairant
Ces pics s’insèrent en outre dans un ensemble qui montre sans conteste l’impact du réchauffement de la planète sur la météo estivale de l’Hexagone. En témoigne le seuil des 35°C. “Selon les données de Météo-France sur ses 30 stations de référence, depuis 2015, le nombre de fois où 35°C a été franchi chaque été est supérieur à 100, alors que ça n’arrivait qu’en moyenne 13 fois par été dans les années 1960”, insiste Christophe Cassou.
C’est un indicateur “plus éclairant que 40°C parce qu’il y a plus de recul statistique” et il “montre que les étés chauds sont récurrents depuis 5 ans”, insiste le scientifique qui participe à l’élaboration du prochain rapport des experts climat de l’ONU (Giec).
Avant la deuxième vague de chaleur, on a voulu voir avec @marine_vdk s’il faisait vraiment plus chaud qu’avant en réalisant une warming stripes à Besançon.
Spoil : oui, il fait carrément plus chaud ? pic.twitter.com/8cNksDJWbS— Jérémie Lorand (@jlorand) August 6, 2020
Même sans atteindre des pics record, une canicule, avec des températures élevées la nuit qui ne permettent pas aux organismes de récupérer, peut avoir un impact dévastateur sur les personnes fragiles. D’où la “vigilance canicule” créée après l’épisode meurtrier de 2003 qui avait fait 15.000 morts en France, alerte destinée à mettre en garde la population et à protéger les plus vulnérables, comme les personnes âgées.
Au dessus ou non de 40°C, les vagues de chaleur sont aussi “une menace pour certains écosystèmes, et pour l’agriculture, les canicules étant généralement couplées avec des événements de sécheresse”, explique Christophe Cassou. Sans oublier les risques accrus d’incendies.
“Quand il fait plus chaud, le risque d’éclosion (d’un incendie) est plus fort, parce qu’il faut moins d’énergie pour mettre le feu”, explique à l’AFP Jean-Baptiste Filippi, chercheur à l’université de Corse. L’humidité de l’air et la force du vent sont aussi capitales pour évaluer le risque incendie. Mais côté chaleur, au-delà des pics, “c’est la durée qui est dangereuse”, insiste le coordinateur du programme FireCaster de prévision des incendies. “Les services de secours, très efficaces, sont en alerte pour agir sur tous les départs de feu, mais c’est beaucoup plus difficile d’être aussi efficace pendant 10 jours”.
Des simulations jusqu’à 55°C à l’ombre dans le futur
Etant donné les projections des modèles climatiques, la répétition des 40°C que l’on observe encore cet été risque de n’être qu’un avant-goût des décennies à venir. “Dans les scénarios les plus intensifs en terme de réchauffement, vers la fin du siècle en France, on pourra aisément dépasser 45°C ou 50°C. Et certaines simulations vont jusqu’à 55°C”, indique Robert Vautard.
“Le seuil de 50°C paraissait incongru jusqu’à l’année dernière”, note le climatologue. “Mais finalement on est déjà à 46°C!”, nouveau record français établi en 2019. “Il faut moduler le message, tout ça n’est pas écrit”, tempère Christophe Cassou. ”Ça deviendra la norme si on ne réduit pas immédiatement et de manière tenace les gaz à effet de serre”, prévient-il. “Et si on oublie le ‘si’, c’est de l’alarmisme, et ça conduit au fatalisme et à l’immobilisme”.
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