L’auteur de Nous n’étions pas prêts était invité à répondre à l’intervention d’un auditeur de la radio, qui voit dans l’obligation du port du masque une restriction des libertés de chacun. “Pourquoi voulez-vous que j’impose aux autres que je croise de mettre un masque? Si moi j’ai envie de me protéger, je mets un masque, je m’éloigne des autres, et je mets du gel hydroalcoolique”, a témoigné l’auditeur.
La remarque, représentative d’un mouvement anti-masques en France remettant en cause cette mesure sanitaire (jugée liberticide par certains, mais aussi inefficace par d’autres) a visiblement agacé Gilles Pialoux.
Le problème du “discours diffluent” du gouvernement
“Il y a vraiment quelque chose contre lequel je m’élève, c’est cette idée que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Le masque, quand il est décrit comme liberticide, pour nous les soignants et encore plus pour les réanimateurs, il y a quelque chose d’inaudible”, a-t-il lancé.
“La ventilation artificielle pendant 26 jours c’est très liberticide”, a-t-il ajouté ironiquement, en référence à l’aide respiratoire apportée aux patients sévères admis en réanimation à cause du coronavirus. “La rééducation après la réanimation longue, parce que c’est une réanimation très longue dans ce Covid, et c’est une maladie qui n’a pas encore livré tous ses secrets, c’est très liberticide”, a-t-il poursuivi.
Le spécialiste voit au moins une raison à l’émergence de ce mouvement anti-masques en France: le discours contradictoire du gouvernement qui, au début de la crise, assurait que les masques étaient inutiles et qu’il était préférable de ne pas en acheter pour les laisser aux soignants.
″Ça a été infernal! Un coup il n’y en avait pas besoin, un coup il était annoncé que le président de la République n’en mettrait pas puis il en mettait un le soir-même à Mulhouse… Le discours a été diffluent, et discours diffluent égal manque de confiance”, a-t-il expliqué.
“On n’est toujours pas prêts”
Gilles Pialoux se dit favorable au “masque partout”, “parce qu’il faut un message simple”. “Il faut une culture du masque, une culture des mesures barrières, on a raté ce message de clarté dans la première vague”, a estimé le chef de service.
“Le climat actuel, c’est qu’on n’est toujours pas prêts”, a par ailleurs jugé le Pr Pialoux, se disant “inquiet” et “en colère”. “Je trouve qu’on n’a pas tiré les leçons de cette première vague alors qu’on voit bien que le virus circule, qu’il recircule un peu plus”.
“Les messages du masque, c’est que bien sûr ça vous protège, mais ça protège l’autre (…) Vous protégez éventuellement votre camarade de bureau, qui lui vit avec un enfant qui a une pathologie chronique, ou dont le père est obèse”, a-t-il scandé.
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