Sauf qu’à l’inverse de ses deux glorieux prédécesseurs, idolâtrés dans leur club respectif, Rudi Garcia n’a ni cette image d’homme attaché à un seul blason, ni l’aura du technicien révolutionnaire dans le jeu. En tout cas du point de vue des supporters. Car au niveau des résultats, les ascensions fulgurantes offertes à Dijon puis au Mans, le doublé coupe-championnat du Losc en 2011 ou la finale d’Europa League de l’OM en 2018 parlent pour l’ancien milieu de terrain.
Et cela sans même évoquer la maîtrise tactique et des prestigieux succès obtenus face à la Juventus Turin puis à Manchester City cette saison avec l’OL, jusqu’à viser face au Bayern Munich la première finale de Ligue des Champions de son histoire. Ce serait dimanche 23 août face au Paris Saint-Germain.
Le “clown” de l’OL
Car en dépit des performances glanées par ses différentes équipes, Rudi Garcia n’arrive pas à faire l’unanimité pour ce qui est de l’image. Depuis qu’il a quitté Lille pour tenter -avec succès- de faire carrière en Italie en tout cas. À Marseille, les supporters auront passé le plus clair de son mandat à réclamer son départ, vilipendant le jeu proposé comme les choix de joueurs alignés. Même ritournelle du côté Lyon, où il a débarqué dans l’urgence après les débuts catastrophiques du Brésilien Sylvinho.
Une communication trop abrupte, des jeunes talents pas suffisamment mis en confiance ni exposés aux yeux des suiveurs du club, un acharnement à utiliser certains joueurs décriés, une assurance trop affirmée et des ruptures presque toujours difficiles… autant d’éléments qui font de la cohabitation entre Rudi Garcia et les fans de ses équipes un fleuve tumultueux. En point d’orgue à l’OL, l’entraîneur s’est même retrouvé au cœur d’une polémique entre ses dirigeants et les supporters, ces derniers partageant sur les réseaux sociaux une image de lui grimé en clown qui n’a pas du tout plu au sein de l’encadrement de l’Olympique lyonnais.
Pourtant, Rudi Garcia montre cette saison qu’il est tout sauf un clown. Face à Maurizio Sarri puis Pep Guardiola, deux entraîneurs reconnus sur la scène continentale (un doux euphémisme pour l’Espagnol), il a réussi à constituer un bloc solide et hermétique, s’appuyant sur les atouts de ses joueurs (la qualité technique d’Houssem Aouar, la complémentarité de ses défenseurs centraux, la vitesse de Karl Toko Ekambi, le leadership de Memphis Depay, la protection de balle de Moussa Dembélé, le talent de Maxwell Cornet) pour proposer un jeu offensif à la récupération du ballon et triompher de deux géants européens.
Un pari déjà réussi à Lyon
Alors oui, l’OL n’a fini que septième en Ligue 1 cette saison, la faute peut-être à un année écourtée par le coronavirus alors que son équipe commençait à trouver son rythme. Oui aussi, Rudi Garcia est arrivé à Lyon à la surprise générale avec un passé construit chez l’ennemi stéphanois et alors qu’il ne cessait de tacler le club quelques mois plus tôt quand il était sur le banc de l’OM. Et oui enfin, l’entraîneur a un faculté rare à incriminer l’arbitrage quand il perd une rencontre.
Mais ce mercredi, il a l’occasion d’emmener pour la seconde fois en trois en trois ans une équipe française en finale européenne. Et comme avec l’OM en 2018, qui avait par exemple étrillé Leipzig 5-2 en quart de finale, il le fait en jouant crânement sa chance, en marquant des buts et effaçant des adversaires au premier abord infranchissables.
La preuve qu’il a, une fois de plus, et malgré cette image on ne peut plus clivante, réussi à insuffler la “culture de la gagne” à laquelle il fait régulièrement référence. Quoi qu’il arrive face à Munich, qui sera forcément favori de la rencontre de ce mercredi, Rudi Garcia a de toute façon déjà réussi son pari lyonnais, offrant son plus beau parcours européen à une équipe qui fréquente les joutes continentales sans discontinuer depuis la fin du siècle passé.
Et pour la saison prochaine, il paraîtrait même que son nom circule de l’autre côté des Alpes, en Italie, là où son passage à Rome (deux fois 2e de Serie A avec la Roma) a laissé d’excellents souvenirs. Une nouvelle aventure qui pourrait le séduire, à moins que l’épopée européenne de 2020 ne lui ait enfin permis de s’installer dans le cœur des supporters lyonnais. Et parmi les grands entraîneurs français.
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