En 2020, nous avons donc profondément cru en la volonté de l’État de faire enfin de la prime enfance une priorité nationale. Adrien Taquet, Secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, a en ce sens missionné la commission des 1000 jours pour faire des recommandations et délivrer un plan d’action.
Malgré toute la bonne volonté affichée, la réforme annoncée par la loi ASAP (La loi d’accélération et simplification de l’Action Publique, NDLR) n’est pourtant pas à la hauteur de nos attentes. Elle ne donne aucune perspective pour améliorer réellement le quotidien de travail des professionnel·le·s de la petite enfance, pour donner des moyens économiques aux collectivités publiques qui choisissent de financer la qualité d’accueil de leurs très jeunes concitoyens.
Entre qualité d’accueil et contraintes financières
- Associer au projet éducatif des intervenants pour l’éveil à la nature, à la culture, à l’art, a un coût;
- Remplacer le personnel absent (surtout en période de crise sanitaire), a un coût;
- Proposer un plan de formation continue ambitieux des professionnel·le·s, a un coût;
- Organiser des régulations des pratiques régulièrement pour assurer la qualité de vie au travail, a un coût;
- Aménager des structures avec du matériel écoresponsable, a un coût;
- Servir des repas bio et locaux, a un coût;
- Dénicher des locaux qui disposent d’un espace extérieur suffisant pour répondre au besoin essentiel de “jouer dehors” des enfants, a un coût;
- Assurer des protocoles de nettoyage et de soin écologiques afin de chasser au maximum les perturbateurs endocriniens de l’environnement des enfants et des adultes qui les accompagnent, a un coût;
- Mettre en place des actions concrètes pour inclure pleinement les familles, pour leur permettre de renforcer leurs compétences sans jugement, a un coût.
Pourtant, la Caisse Nationale des Allocations Familiales n’intègre pas ce cout. Elle finance les heures de présence, les heures facturées, la fourniture des couches et des repas, mais ne donne pas les moyens pour appliquer une Charte d’état.
Dans notre quotidien de gestionnaires engagés, nous prenons de plein fouet la crise sanitaire. Mais surtout, nous entendons tous des professionnel·le·s fatigué·e·s par des protocoles de nettoyage contraignants, par le manque de reconnaissance de l’essentialité de leur travail, par ce sentiment d’en faire toujours plus sans perspective de compensation.
En tant qu’Éducatrice de Jeunes Enfants, gestionnaire de crèches, et responsable RH de près de 100 collaborateur·rice·s, j’aimerais pouvoir remercier financièrement mes équipes qui s’engagent, donnent le maximum pour réconforter, faire grandir et donner de la joie aux enfants.
Quel avenir?
En 2021, je fais le vœu de me battre aux côtés d’institutions et de personnalités politiques prêtes à prendre des décisions à la hauteur de leurs déclarations, pour éveiller les consciences: oui, la qualité d’accueil a un coût, mais quand il est investi pour la génération future, cela devrait être un investissement social évident pour construire une société plus équitable et plus apaisée!
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