COVID-19 – Le gouvernement brésilien a finalement donné le coup d’envoi ce lundi 18 janvier d’une campagne nationale de vaccination contre le coronavirus, avec de premières injections devant l’iconique statue du Christ Rédempteur qui domine la ville de Rio de Janeiro.
Une infirmière et une ancienne sans-domicile fixe de 80 ans ont été les premières personnes à recevoir une dose du vaccin, à la tombée du jour, dans l’État de Rio qui a le plus fort taux de mortalité du pays avec 151 décès pour 100.000 habitants.
Les États du Goias et de Santa Catarina ont également lancé les vaccinations ce lundi, alors que Brasilia venait de donner le signal d’une campagne nationale, deux jours plus tôt que prévu, sous la pression de l’État de Sao Paulo qui a commencé à vacciner dès dimanche.
Le pays de 212 millions d’habitants, le deuxième le plus endeuillé par le Covid-19, dispose de seulement six millions de doses. Et cette campagne démarre plusieurs semaines après les autres foyers épidémiques, États-Unis ou Europe.
Le défi logistique est de taille, dans cette nation aux dimensions continentales où plus de 210.000 Brésiliens sont morts officiellement du coronavirus ― un chiffre très sous-évalué, selon les spécialistes.
C’est seulement dimanche que la situation s’est débloquée, quand le régulateur brésilien Anvisa a approuvé l’utilisation en urgence de deux premiers vaccins, le chinois CoronaVac et le britannique d’Oxford/AstraZeneca.
“Après avoir entendu les gouverneurs, nous avons décidé de distribuer aujourd’hui-même les vaccins aux (27) États” de la fédération brésilienne, qui “pourront commencer à vacciner” immédiatement, a annoncé ce lundi matin le ministre de la Santé Eduardo Pazuello.
Le ministre a rencontré des gouverneurs à l’aéroport de Guarulhos, près de Sao Paulo, d’où ont commencé à partir 4,5 millions de doses de CoronaVac vers les différentes régions du pays, les 1,5 million restantes étant destinées à la population de l’État de Sao Paulo.
Dans l’État septentrional d’Amazonas, frappé de plein fouet par la deuxième vague de la pandémie et où la capitale, Manaus, a déploré des morts en raison d’une pénurie d’oxygène dans les hôpitaux, les doses étaient attendues ce lundi soir pour un démarrage des vaccinations mardi.
“Moment historique”
“C’est le vaccin du Brésil, pas celui d’un quelconque gouverneur”, a déclaré le président Jair Bolsonaro, depuis Brasilia.
Un changement de ton radical pour le dirigeant d’extrême droite, qui n’avait cessé auparavant de décrier “le vaccin chinois de Joao Doria”, le gouverneur de l’État de Sao Paulo.
Rival potentiel de Jair Bolsonaro pour la présidentielle de 2022, Joao Doria s’est empressé dimanche d’organiser une cérémonie officielle, devant les caméras, pour la première vaccination au Brésil dans son État, dès l’approbation du CoronaVac par l’Anvisa.
“Un coup de marketing”, avait réagi le ministre de la Santé, indiquant que la campagne nationale de vaccination débuterait officiellement mercredi. Avant de finalement l’avancer à ce lundi, sous la pression.
Le CoronaVac, produit par la firme chinoise Sinovac en collaboration avec l’institut Butantan, placé sous la tutelle de l’État de Sao Paulo, est le seul vaccin disponible pour le moment au Brésil.
Plus de 100 personnes ont été vaccinées à Sao Paulo dès dimanche et les autorités locales espèrent dépasser les 1000 injections ce lundi.
“C’est un moment historique. Je suis en première ligne depuis le début, donc je suis très heureuse d’être vaccinée”, a déclaré Cilede Lira, infirmière qui a reçu une dose de CoronaVac ce lundi matin à Sao Paulo.
Difficultés d’exportation
L’institut Butantan a déposé ce lundi à l’Anvisa une demande d’usage d’urgence de 4,8 millions de doses supplémentaires qui nécessitent une autre autorisation parce qu’elles ont été mises en flacon au Brésil.
Pour Christovam Barcellos, chercheur de l’institut de référence Fiocruz, la vaccination au Brésil “commence en retard et avec un nombre de doses insuffisant”.
Selon lui, le Brésil compte plus de 16 millions de personnes censées être vaccinées en priorité (le personnel soignant, les personnes âgées vivant en maison en retraite et la population indigène), bien plus que le nombre de doses disponibles.
Le gouvernement a tenté de négocier l’importation depuis l’Inde de deux millions de doses du second vaccin autorisé dimanche par l’Anvisa, celui du britannique d’AstraZeneca/Oxford.
Ces doses devaient arriver le week-end dernier, mais le gouvernement indien, qui a débuté samedi une campagne massive, n’a pas encore donné son feu vert.
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