Si dans leurs messages certaines personnalités interpellent simplement l’exécutif sur l’instauration d’un âge de consentement à 15 ans, d’autres font directement référence au texte porté par la sénatrice Annick Billon, présidente centriste de la délégation aux Droits des femmes, et qui a été adopté à la chambre haute jeudi.
Ce texte vise à créer un nouveau crime sexuel pour protéger les mineurs de moins de 13 ans. Pour l’auteure de la proposition, il s’agit de poser dans le droit “un nouvel interdit: celui de tout rapport sexuel avec un mineur de 13 ans”, sans que soit interrogée la question du consentement. La nouvelle infraction serait constituée en cas de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’elle soit, dès lors que l’auteur des faits connaissait ou ne pouvait ignorer l’âge de la victime. En dessous de 13 ans, il ne pourra plus être demandé à l’enfant de prouver son non-consentement.
La peine encourue serait identique à celle actuellement prévue en cas de viol commis sur mineur de quinze ans, soit vingt ans de réclusion criminelle.
Mais pour les associations comme Innocence en danger, qui avait lancé en 2017 la campagne autour du slogan “Avant 15 ans, c’est un viol”, cette loi fixe de fait l’âge du consentement à 13 ans. Bien en dessous donc du seuil des 15 ans que réclament de nombreuses associations de protection de l’enfance.
Un mille-feuille législatif
Adoptée en 2018, la loi Schiappa sur les violences sexistes et sexuelles insistait notamment dans son article deux dans le cas des mineurs de 15 ans: “La contrainte morale ou la surprise sont caractérisées par l’abus de la vulnérabilité de la victime ne disposant pas du discernement nécessaire pour ces actes (article 2)”. Dans son texte la ministre proposait d’établir un seuil de consentement à 15 ans, mais la rédaction de la proposition avait été retoquée par le Conseil d’État au nom notamment “des droits de la défense”.
Réagissant au vote du Sénat jeudi, Éric Dupond-Morreti, le ministre de la Justice a de son côté annoncé “un travail de consultation” des associations “qui participent au quotidien à la libération de la parole et à la prise en charge et à la défense des victimes”. Il sera engagé “dès la semaine prochaine” avec le secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles Adrien Taquet.
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