Fort heureusement, les femmes d’un certain âge n’ont pas attendu le regard de Yann Moix sur leur corps pour revendiquer leur “droit de ne plus avoir vingt ans”, comme le soulignait en janvier 2019 Rachida Dati au micro de France Inter. En ce lundi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, et après nous être intéressés l’an passé à la ménopause en tant que tabou des inégalités, nous allons voir comment les femmes prennent la parole sur leurs vies de quinqua et comment elles se libèrent de plus en plus des carcans de l’âge.
Cette année, pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Le HuffPost donne la parole à celles qu’on ne voit plus parce que les enfants sont grands et qu’elles n’en feront pas d’autres, parce que leur carrière est derrière elles ou que la ménopause vient bouleverser leur sexualité. Elles sont là et pour elles, avoir plus de 40, 50 ans ou 60 ans n’est pas une fin, au contraire, c’est un début d’une nouvelle, voire de nouvelles vies.
- BLOG. La ménopause m’a libérée, j’ai l’avenir devant moi pour jouir de la vie, par Sophie Kune
- BLOG. En les élevant, j’ai laissé mes filles s’épanouir. Maintenant qu’elles le sont, à mon tour, par Nathalie M.
- BLOG. Il n’y a pas d’âge pour aller de l’avant, j’en ai 60 et viens d’entamer une nouvelle carrière, par Isabelle Barth
- BLOG. Enfants, carrière, à 55 ans, j’ai déjà eu plusieurs vies et je sais que ça n’est pas fini, par Véronique Mokski
“La dénonciation de la comparaison entre les hommes, séducteurs, et les femmes, rangées des voitures, n’est pas neuve. Simone de Beauvoir l’écrivait déjà! Mais les réseaux sociaux démultiplient les appropriations, les prises de parole. Ils permettent une diffusion plus large dans le corps social”, analyse Sylvie Chaperon, historienne et chercheuse en sexologie, auprès du HuffPost.
Fossé entre les hommes et les femmes
De tout temps, la femme ménopausée a été stigmatisée, voire exclue de certains cercles, de par son âge et la fin de sa fertilité. “On y associe encore l’image de la sorcière, de la vieille peau fripée, de la femme qui a ‘des vapeurs’”, note Anne-Cécile Mailfert pour l’AFP. “La femme ménopausée, au comportement et à la parole parfois plus libres qu’auparavant, est devenue un fléau dont il fallait se débarrasser”, écrit Mona Chollet dans son livre “Sorcières, la puissance invaincue des femmes”, parlant même d’un “sentiment d’obsolescence programmée” et de “la hantise de la péremption qui marque toute l’existence des femmes”, mais pas celle des hommes.
Mais la situation est en train d’évoluer. “Nous sortons à peine de siècles d’invisibilisation des quinquagénaires”, note Camille Froidevaux-Metterie.
Réappropriation des tabous
De son côté, la fondatrice du compte “Ménopause stories”, Sophie Kune, dépoussière l’image qui colle aux femmes ménopausées. “La ménopause n’est ni un concept, ni un postulat, encore moins l’antichambre de la mort”, écrivait-elle sur Le HuffPost. “Du côté de mon corps, au moment où mes hormones ont commencé à faire du tohu-bohu, j’ai senti de nombreux changements, mais ce ne sont finalement pas à eux que je dois ma prise de conscience”, écrit-elle ce lundi 8 mars dans un blog sur Le HuffPost. “Ce qui a fait bouger mes lignes intérieures, c’est plutôt le regard que la société m’a porté à ce moment-là, un regard que nous supportons en silence, nous le gang des ′invisibles’, 14 millions de femmes rien qu’en France à être devenues transparentes d’un coup de baguette étrange”.
Sexualité, cheveux gris, carrière
La maternité, pour celles qui ont des enfants, reste importante, mais elle semble moins faire l’objet d’une sacralisation. Elles vivent désormais “une deuxième jeunesse après le départ des enfants”, estime Camille Froidevaux-Metterie pour qui il existe une “possibilité d’un changement de vie à cet âge”.
C’est ce qu’écrit Véronique Mokski, rédactrice web et blogueuse sur le site Les Nouvelles Femmes, sur la reconversion des mères, sur Le HuffPost ce 8 mars: “Avec le recul, j’ai eu plusieurs vies. Une carrière professionnelle en France pendant 15 ans, puis 15 autres années à l’étranger, où je me suis essentiellement consacrée à mon fils. Pour moi qui ai grandi dans une ferme, c’était comme déménager sur Mars. Je voulais lui donner une vision plus large de la vie, il en a très fortement bénéficié. Désormais je suis entrepreneure digitale, un brin nomade. J’encourage les femmes à oser choisir leur vie une fois que leurs enfants sont grands, sans suivre les codes qui ne leur conviennent pas. À être ambitieuses, enfin, très concrètement. Est-ce que cela durera 15 ans? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’après, au début de ma vieillesse, j’aurai encore un autre projet, lointain, constructif. Parce que maintenant, je sais comment ça marche. Et que le contre-courant me mène sur des terrains inconnus qui sont très fertiles.”
De son côté, Nathalie M. maman et autrice du blog Valorise ma maison, explique qu’après avoir laissé ses filles s’épanouir, à 52 ans, c’est enfin à son tour. Se lever à six heures, acheter une maison à la montagne, méditer, apprendre à coudre, à tricoter, lancer un troisième blog… “Je suis enfin là et maintenant. Dans les starting-blocks. Prête à reprendre le fil de mon histoire là où je l’avais laissé, vingt ans auparavant”, écrit-elle.
“Quinquados”
Mais une chose est certaine, elles ne sont pas prêtes de se laisser invisibiliser à nouveau. À propos de ces “quinquados”, pour reprendre l’expression du sociologue Serge Guérin, le changement est en train d’opérer. Et même si, comme il l’explique pour Marie Claire, “le regard social est toujours plus violent envers les femmes (…) ces dernières années a eu lieu un vrai changement. Plus autonomes financièrement et professionnellement, les femmes sont aussi moins dépendantes du regard des autres”.
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