“Il faut agir le plus vite possible pour sauver les vies des gens, qu’ils puissent vivre humainement, normalement. Seul un front commun (des différents dirigeants, ndlr) peut faire bouger les choses”, a demandé Omir Bekali sur le plateau de “Touche pas à mon poste”, comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Pékin dément ces accusations, affirmant qu’il s’agit de “centres de formation professionnelle” contre la “radicalisation” islamiste. Des sortes de “campus”, avait alors déclaré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Le Yucheng.
De ces “campus”, Bekali est ressorti traumatisé. Multipliant les conférences à l’étranger, il est l’un des rares rescapés à raconter son passage dans ces centres. La plupart préfèrent se taire, de peur de mettre en danger leurs proches en Chine.
Il décrit un quotidien fait de brimades ayant selon lui un objectif: extirper des internés la moindre parcelle de croyance religieuse. “Chaque matin de 7h à 7h30, il fallait chanter l’hymne national chinois. On chantait à 40 ou 50 personnes en faisant face au mur”, racontait-il. “Je ne voulais vraiment pas chanter. Mais à force de répétition quotidienne, c’est rentré”.
Né au Xinjiang de parents ouïghour et kazakh, deux des principales ethnies musulmanes vivant au Xinjiang, Bekali a émigré au Kazakhstan en 2006 pour trouver du travail, comme bon nombre de Kazakhs nés en Chine, et obtenu la nationalité de ce pays.
Les ennuis commencent pour lui le 23 mars 2017 lorsqu’il est arrêté au Xinjiang après un déplacement d’affaires pour son agence de tourisme kazakhe. Après avoir passé sept mois en prison pour des accusations d’aide au “terrorisme”, il est envoyé dans un camp de “rééducation”.“Il y avait des enseignants, des artistes, des vieillards” décrivait-il en 2019.
Parmi les obligations pour les personnes de tous âges internées: le vendredi, jour saint pour les musulmans, “ils vous forcent à manger du porc”. Les ”étudiants” ont également interdiction de parler une langue autre que le chinois, de prier ou de se laisser pousser la barbe, autant de signes de “radicalisation” pour les autorités.
S’il a pu sortir en novembre 2017, pense-t-il, c’est uniquement grâce à l’intervention des autorités du Kazakhstan. Après avoir été libéré, il a quitté le Kazakhstan pour s’installer en Turquie avec sa femme et leurs enfants.
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