Rêvé par Michel Platini lorsqu’il présidait l’UEFA, pour unir le continent autour du 60e anniversaire de l’Euro, ce tournoi paneuropéen est d’emblée apparu comme un défi logistique qui devait promener équipes, médias et spectateurs de Londres à Bakou.
Et la pandémie de Covid-19 l’a de surcroît transformé en cauchemar sanitaire, entraînant d’abord le report d’un an de la compétition (11 juin-11 juillet), avant d’entretenir un interminable flou sur son déroulement.
11 villes-hôtes et une incertitude qui persiste
Il a fallu attendre le 23 avril pour connaître les onze villes-hôtes définitives: Bilbao et Dublin ont été évincées, Séville invitée à la fête, et Londres et Saint-Pétersbourg ont récupéré plus de matches.
Compliquant un peu plus la préparation, l’UEFA avait exigé que les autorités locales s’engagent à accueillir des spectateurs pour chaque rencontre, malgré l’incertitude créée par la diffusion de variants plus contagieux du covid-19. Cette condition posée mi-mars risque de coûter cher à l’instance européenne, les organisateurs basques envisageant de récupérer en justice les dépenses de 1,2 million d’euros engagées en vain.
Et à peine confirmé le maintien de ses matches, la ville de Munich a semé un nouveau doute: son maire a assuré qu’il n’y avait eu “aucune promesse de quelque sorte pour garantir des spectateurs”, d’autant qu’une telle décision dépend du gouvernement allemand et est strictement conditionnée à l’évolution sanitaire.
Le défi de la gestion des supporters
Habituellement aussi exubérant dans les rues que dans les stades, l’Euro prendra cette année un visage plus austère – tout comme les JO qui s’ouvriront peu après à Tokyo (23 juillet-8 août) -, même si l’UEFA le promet “sûr et festif”.
“Il semble évident que vu la configuration de l’Euro, avec des matches dans plusieurs pays et donc des voyages, (…) la vaccination des participants permettrait une organisation plus sereine”, observe auprès de l’AFP une source proche des instances du football français. Mais l’UEFA n’a fixé aucune règle en ce sens et la sécurité du tournoi reposera principalement sur des “bulles” pour les équipes ainsi que sur une batterie de mesures pour les spectateurs (arrivées échelonnées au stade, jauges, désinfection et distanciation sociale).
Restera néanmoins deux points à éclaircir: d’abord la possibilité concrète pour les supporters de suivre leur équipe, alors que seuls Budapest, Saint-Pétersbourg et Bakou ont promis de les exempter de restrictions d’entrée ou de quarantaines, Bucarest envisageant de faire de même si le séjour n’excède pas trois jours. Enfin, il faudra voir comment les autorités locales organisent l’hébergement, la restauration et les éventuels regroupements de fans étrangers, sans mettre en danger leur propre population.
Pour le football européen, financièrement étranglé par l’arrêt des compétitions au printemps 2020 puis la reprise dans des stades vides, l’Euro est aussi un enjeu financier: dès 2018, l’UEFA prévoyait de distribuer 371 millions d’euros aux 24 participants. Une sélection battue à chaque rencontre touchera ainsi 9,25 millions d’euros, tandis que le champion empochera jusqu’à 34 millions d’euros. En outre, les revenus de l’Euro alimenteront les 775 millions d’euros de “solidarité” versés aux 55 fédérations européennes sur le cycle 2020-2024, et les clubs se partageront 200 millions d’euros pour avoir mis leurs joueurs à disposition.
Angleterre, Belgique, Portugal et France parmi les favoris
Côté sportif, le Portugal voit s’achever un règne de cinq ans, entamé par la victoire surprise d’une sélection plus méritante qu’étincelante face aux hôtes français en 2016.
Emmenée par un Cristiano Ronaldo de 36 ans et de nombreux joueurs phares du football européen, la Seleçao est néanmoins en retrait dans les pronostics, derrière la prometteuse jeune garde anglaise ou la Belgique et sa génération dorée, en quête d’un premier titre malgré la méforme d’Eden Hazard, son joueur vedette, à la peine sous le maillot du Real Madrid.
Pour réaliser une nouvelle passe Mondial-Euro, comme en 1998-2000 (avec un certain Didier Deschamps, l’actuel sélectionneur, comme capitaine), les Bleus devront de leur côté s’extirper d’un groupe très relevé avec le Portugal et l’Allemagne en rivaux les plus coriaces.
Impossible d’espérer doser leur montée en puissance, alors que nombre de joueurs achèvent la saison essorés par le contexte sanitaire, les changements de calendrier et une préparation estivale tronquée.
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