Cette situation découle de “défauts structurels” que la mobilisation en urgence de tous les acteurs n’a pas suffi à pallier, ainsi que de l’absence d’un “chef de file” clair, analyse l’organisme de contrôle dans un “audit flash”, mené en quatre mois.
Entre janvier 2020 et mars 2021, “le montant total des ressources affectées à la recherche publique française sur la Covid-19 s’élève à 530,17 millions d’euros, fonds européens compris, ou à 502,48 millions d’euros sans ces fonds”, calcule la Cour des comptes.
Cette estimation a été obtenue en additionnant tous les “crédits d’intervention” (donc hors rémunération des chercheurs titulaires) attribués aux organismes de recherche, aux universités et aux centres hospitaliers universitaires, de sources publiques et privées. Du fait du calendrier particulier de cet audit, elle a pris en compte les crédits alloués et non les dépenses effectivement exécutées.
Ailleurs en Europe, au moins 1 milliard sur la table
“Il s’agit d’un effort notable”, mais “moindre, dans l’absolu comme relativement, que celui consenti par d’autres pays européens aux moyens et au tissu scientifique comparables”, concluent les auteurs de ce rapport.
L’Allemagne a ainsi mis environ 1,5 milliard d’euros sur la table ―dont 1 milliard pour ses biotechs comme CureVac et BioNTech―, et le Royaume-Uni 1,3 milliard d’euros.
La Cour juge également ces financements “trop dispersés pour répondre aux enjeux de la crise, notamment en matière de recherche vaccinale”, un échec illustré aux yeux de l’opinion publique par l’absence de vaccin tricolore disponible à ce jour.
“À la différence d’autres pays à forte tradition scientifique en matière biomédicale, la stratégie d’ensemble, le pilotage et la structuration ont été insuffisants”, ajoute-t-elle, citant l’exemple de l’agence fédérale BARDA (Biological Advanced Research and Developpment Authority) aux États-Unis, bâtie après les attentats de 2001 et l’utilisation de l’anthrax.
“Lourdeurs administratives”
“Cette situation s’est trouvée amplifiée par l’absence d’un chef de file reconnu par tous”, insiste l’audit, soulignant que les “efforts d’organisation” représentés par la création de l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes, en janvier 2021, “sont intervenus tardivement et sans moyens immédiats”.
En plus des “lourdeurs administratives”, la Cour diagnostique aussi une “impréparation à la prise de risque” et recommande davantage de coopération entre public et privé, et “un continuum entre recherche académique et industrie”.
L’audit met également en cause “le déficit de financement antérieur à la crise, en particulier dans le secteur biologie-santé”, que des efforts d’urgence “ne sauraient compenser”. Il recommande de soutenir davantage et sur le long terme la recherche fondamentale dans ce domaine.
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