L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, relativement discret sur la scène nationale depuis son éviction de la présidence des Républicains en juin 2019, explique, pour l’instant, vouloir la jouer “collectif” et “tenter jusqu’au bout cette chance de pouvoir rassembler”.
“C’est dans cet ordre, le collectif, puis la candidature, qu’il faut faire les choses”, résume-t-il, citant tour à tour les noms de Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, Michel Barnier, dans une critique de l’aventure soliste de son ancien collègue Xavier Bertrand, lequel, déjà lancé, se refuse à participer à une quelconque primaire.
Mais au-delà de ces enjeux de personne, cet entretien est surtout une façon de remettre ses idées dans le débat et d’esquisser le début des grandes lignes d’un éventuel programme. Une chose est en tout cas certaine, du côté de Laurent Wauquiez: rien n’a changé.
“Les marches de l’escalier du déclin”
Que ce soit pour le mal ou son remède. Selon le patron de région, la France est aujourd’hui à la croisée des chemins, menacée de “déconstruction” et de “déclin”. Pour lui, “la prochaine élection présidentielle sera un rendez-vous de civilisation”, pour le pays.
“On est entré depuis un certain nombre d’années dans une période où on descend les marches de l’escalier du déclin. Chaque étape va un peu plus loin dans la déconstruction du modèle français”, estime-t-il, en dressant la liste des responsables successifs de ce phénomène, de mai 68 à la retraite à 60 ans, en passant par François Mitterrand, ou la dette publique.
Sans surprise, Laurent Wauquiez n’épargne pas, non plus, Emmanuel Macron, quand on lui demande “comment restaurer l’autorité”, une question qui agite tous les candidats putatifs à droite. “L’autorité, ça veut dire qu’on ne cède pas face aux zadistes. L’autorité, ça veut dire qu’on ne négocie rien sur l’autorité du professeur. L’autorité, ça veut dire qu’on ne va pas en Algérie pour s’excuser de l’histoire française. L’autorité, ça veut dire qu’on ne commémore pas Napoléon ou Colbert avec une pince à sucre en s’excusant d’honorer les héros de notre mémoire”, énumère-t-il, en référence à la politique conduite par Emmanuel Macron depuis 2017, sans toutefois nommer le chef de l’État.
Le “cancer de l’assistanat”, saison 2
Dans ce contexte, et alors qu’il existe, à droite, une “immense attente”, selon ses mots, Laurent Wauquiez propose un médicament désormais bien connu, fait de trois priorités: “le travail, l’argent public et l’immigration.”
Comme en 2011, quand il avait lancé cette expression, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, veut partir en guerre contre “le cancer de l’assistanat.” “Je n’ai jamais lâché sur ce sujet. C’est le mal central de notre pays. Pour le corriger, il faut plus de liberté à l’intérieur de notre pays et plus de protection à l’extérieur”, estime-t-il, en précisant vouloir “revaloriser” le travail, “la valeur cardinale d’un pays.”
Pas de surprise non plus en ce qui concerne l’argent public. Laurent Wauquiez, qui se vante d’avoir fait de l’Auvergne-Rhône-Alpes “la région la mieux gérée de France” promet ni “argent magique” ni “quoi qu’il en coûte”, mais plutôt un grand serrage de vis. “On ne peut pas parler de développement durable si la première chose que l’on fait est de laisser une dette énorme à nos enfants”, fait-il valoir, en ajoutant: “Il ne peut y avoir de baisse de la fiscalité sans baisse de la dépense publique.”
Quant au troisième pilier de sa stratégie, l’ancien ministre, explique, ni plus ni moins, vouloir “arrêter l’immigration le temps d’assimiler ceux qui sont chez nous.” Une doctrine, certes pas franchement nouvelle dans les rangs de la droite, mais qui a su convaincre 55% des votants de la deuxième région de France, en juin dernier. Qu’en serait-il pour l’ensemble de la population?
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