Une critique qui redouble depuis les récentes mobilisations anti-pass sanitaire et l’annonce de l’extension de ce sésame aux activités du quotidien par le chef de l’État, le 12 juillet dernier. Plusieurs milliers de personnes se rassemblent, chaque samedi, “pour la liberté” et “contre la dictature sanitaire”, des mots d’ordre que l’on retrouve également sur les pancartes ou dans la bouche des intervenants qui s’expriment dans les micros.
“Enfin, soyons sérieux!”
“Des citoyens en perte de sens”, selon Emmanuel Macron. Interrogé par Paris Match le 24 juillet dernier, alors qu’il venait d’atterrir en Polynésie, le président de la République s’est montré très critique à l’endroit de “ces quelques dizaines de milliers de citoyens en perte de sens telle qu’ils peuvent dire qu’on vit en dictature.”
“Je ne céderai en rien à leur violence radicale”, a-t-il déclaré dans des propos publiés ce jeudi 5 août dans les colonnes de l’hebdomadaire, considérant “qu’il y va de l’existence même des démocraties”. “Leur attitude est une menace pour la démocratie. Ils confondent tout. Je les invite à regarder les mêmes manifestations dans des pays qui ne sont plus des États de droit”, poursuit le chef de l’État.
“Nous n’avons jamais suspendu la vie parlementaire, et toutes les mesures restrictives ont été votées par la loi. Nous sommes le seul pays qui a eu autant de contrôles parlementaires pendant la crise. Nous sommes le seul pays d’Europe dont les ministres sont convoqués devant le juge en temps de crise”, tente même de convaincre Emmanuel Macron, pour appuyer son propos.
Et d’ajouter, dans une nouvelle tirade: “Le gouvernement répond à des commissions d’enquête parlementaire, à la Cour de justice de la République, à des magistrats. Les données épidémiologiques sont publiques et quotidiennes. Enfin, soyons sérieux!”
Des dérives?
Il n’empêche, malgré ces garde-fous et au-delà des accusations ou slogans parfois outranciers des manifestants, nombreux sont les spécialistes et juristes à pointer du doigt l’isolement du président de la République dans cette gestion de crise, notamment à travers l’omniprésence du Conseil de défense. En plus d’une certaine “vision monarchique” du pouvoir, chez Emmanuel Macron, selon les mots de Chloé Morin.
Dans une tribune publiée par Le Figaro, en octobre dernier, l’analyste politique pointait “les derniers événements” comme “le révélateur d’une crise démocratique majeure, le fruit d’un dysfonctionnement d’une rare intensité des institutions”, au premier rang desquelles, le Parlement.
“Elles avaient été prévues pour organiser le partage du pouvoir, faire contrepoids aux excès de la IVe République, mais organisent maintenant la captation inédite du pouvoir par le seul président de la République suivi par une majorité caporalisée”, écrivait-elle, entre autres inquiétudes autour de l’état “d’apathie démocratique” dans lequel se trouve le pays.
Mais pour Bruno Cautrès, le chercheur au Cévipof interrogé par 20 Minutes en avril dernier, “cette gestion de la crise est dans la logique de la Ve République.” C’est pourquoi, selon lui, “il sera assez inéluctable qu’il y ait des réflexions et des propositions pendant la présidentielle de 2022 sur la question des institutions.”
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