“Nous voulons que les Nations unies, tous les pays, aident l’Afghanistan”, a appelé avec force cette jeune femme de 28 ans ce lundi 23 août lors d’une conférence de presse à Bilbao, au pays basque en Espagne, organisée par la Commission espagnole d’Aide aux Réfugiés.
En compagnie de son mari Ramesh, elle est arrivée près de Madrid vendredi grâce au pont aérien mis en place par l’Espagne avant de rejoindre Bilbao, où, a-t-elle dit, elle compte bien rejouer au basket “dès que possible”.
Se prevé que Nilofar Bayat y su esposo Ramish, lleguen esta noche a Madrid, en uno de los vuelos fletados por el Gobierno. Queremos agradecer a @APampliega, FEB, @deportegob y @MAECgob su trabajo para lograr que lleguen a España. Una vez aquí decidirán cómo rehacer su vida. pic.twitter.com/l99C1Ts1xy
— Bidaideak Bilbao BSR (@BilbaoBSR) August 20, 2021
Elle raconte avec force détails les jours et les heures terribles qui ont précédé son départ.
“Le jour où j’ai vu les talibans autour de chez moi, j’ai paniqué, j’ai commencé à pensé à moi et à ma famille (…) Ils pouvaient me tuer, car j’apparais dans beaucoup de vidéos où je parle des talibans, de basket, de mes participations dans des marches de femmes en Afghanistan”, explique-t-elle en anglais.
Cette ancienne étudiante en droit décide alors de se rendre à l’aéroport de Kaboul, où l’ambassade d’Espagne lui a assuré qu’elle aurait une place dans un avion.
C’est là, dans le chaos et la panique générale, “que j’ai parlé aux talibans pour la première fois”, dit-elle.
“Ils m’ont battue, moi et moi mari (…) J’ai beaucoup pleuré, pas parce qu’ils nous avaient battus”, mais en pensant ”à ce qu’ils ont fait de notre pays”, confie la jeune femme.
Elle perd une jambe à deux ans
Après deux jours passés à l’aéroport, “sans rien pour dormir” et avec “pas assez de nourriture pour tous”, elle parvient à monter avec son mari dans le deuxième avion militaire espagnol qui doit quitter Kaboul pour Dubaï.
Les talibans, elle ne pourra jamais les oublier, elle qui a perdu une jambe à deux ans lorsqu’une roquette a touché sa maison, tuant son frère et blessant son père.
Les talibans “ont détruit tout ce pour quoi j’ai travaillé si dur ces dernières années”, poursuit Nilofar.
“Je suis la meilleure preuve que les talibans sont dangereux”, dit-elle. Et d’ajouter: “il n’y a pas d’avenir, il n’y a pas d’espoir”.
Reste tout de même le basket pour tenter d’échapper, même brièvement, à cette réalité: “quand je suis dans la salle, quand je joue au basket, j’oublie tout ce qui est en train de ce passer dans mon pays, et aussi que j’ai un handicap”.
La jeune femme s’est intéressée au basket en fauteuil roulant après avoir vu les hommes pratiquer ce sport.
Elle a joué un rôle déterminant dans la mise en place d’une équipe féminine afghane, malgré les réticences, dans un pays où de très nombreuses personnes souffrent d’un handicap à la suite d’un attentat ou de la polio.
Nilofar Bayat est arrivée en Espagne, pays de basket, grâce à l’intervention d’un ami journaliste espagnol.
Elle a choisi de s’installer à Bilbao avec son mari Ramesh Naik Zai, 27 ans, lui-même joueur de l’équipe afghane de basket-ball.
Nilofar Bayat a accepté la proposition du club de la ville basque et elle est aujourd’hui d’autant plus satisfaite car son mari “pourra aussi s’entraîner”.
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