Mission accomplie : son exploit lui a valu des articles dans la presse internationale et une mention dans le Late Show de Stephen Colbert. Gentile a également contacté Elijah Wood, Billy Boyd et Sean Astin, les acteurs qui jouent les hobbits dans le Seigneur des anneaux, afin d’accroître la visibilité de son ambitieux projet, dont le coût total est estimé à 1,6 million d’euros. La construction devrait être achevée à l’été 2022 et le site fonctionnera comme un Bed & Breakfast.
Pour l’instant, le terrain n’abrite qu’un petit prototype de maison de hobbit de 20 mètres carrés, car la campagne de crowdfunding pour le reste de la construction vient tout juste d’être lancée. Gentile nous a parlé de sa vie particulière et des raisons pour lesquelles il a décidé de se lancer dans cette aventure.
VICE : Salut, Nicolas. Comment as-tu eu l’idée du projet Contea Gentile ?Nicolas Gentile : À vrai dire, j’ai toujours voulu vivre dans une maison de hobbit. Disons que tout est devenu plus concret lorsque j’ai acheté ce terrain dans les collines des Abruzzes, avec la petite rivière et les bois tout autour.
À quoi ressemblera le site une fois terminé ?
Il y aura de nombreux sentiers, des jardins potagers, des abris pour animaux, une grande maison de hobbit d’environ 350-400 mètres carrés inspirée de celle de Bilbo Baggins, plus quatre petites maisons d’environ 50 mètres carrés chacune. Elles seront à moitié enterrées, avec des portes et des fenêtres rondes. La construction sera 100 % écologique. J’aurais pu construire les maisons en béton et personne ne l’aurait su puisqu’elles sont recouvertes de terre, mais ce n’est pas vraiment dans l’esprit du projet. Et puis, je pense que le côté écologique a considérablement augmenté notre objectif de financement par crowdfunding.
Que pense ta famille de tout cela ?
Mes parents ont d’abord considéré ma passion comme un hobby. Avec le temps, ils ont compris que c’était sérieux. Ma femme Alice représente 51 % de l’ensemble du projet. Elle en est la véritable force motrice. Mes enfants, qui ont aujourd’hui 8 et 11 ans, sont nés en sachant que nous déménagerions un jour dans les montagnes. Alors disons que la passion des hobbits est une affaire de famille.
D’où viennent les tenues de hobbit ?
La plupart ont été confectionnées par ma mère et ma tante. J’ai commandé le reste sur des sites de cosplay, mais on les trouve aussi sur Amazon. Globalement, j’ai plus de vêtements de hobbits que de vêtements d’humains dans mon placard. Je ne porte ces derniers que pour le travail.
Pourquoi l’univers fictif de Tolkien résonne-t-il autant en toi ?
Dans Le Hobbit : Un voyage inattendu, il y a une belle citation de Gandalf, mon personnage préféré : « Je crois que ce sont les petites choses, les gestes quotidiens des gens ordinaires qui nous préservent du mal… de simples actes de bonté et d’amour ! » Si nous étions tous plus simples, plus gentils les uns envers les autres, alors nos petits mondes changeraient en un instant. Pour moi, le projet ne consiste pas à construire des maisons de hobbits, mais à attirer des personnes ayant la même vision magique des choses que moi. Je veux rassembler des gens au cœur insouciant, et peut-être qu’en tant que groupe, nous pourrons aspirer à quelque chose de plus grand.
La Contea Gentile sera-t-elle une communauté permanente ?
Non, il s’agira plutôt d’une communauté dispersée dans le monde entier. Tout le monde pourra séjourner quelques jours à la Contea, mais personne ne pourra s’y installer, car je veux donner à chacun la possibilité d’en faire partie. J’ai reçu des offres très alléchantes de la part de personnes qui voulaient reprendre une partie du terrain pour beaucoup d’argent, mais cela aurait changé la nature du projet, alors j’ai refusé.
Chaque jour, nous proposerons à nos hôtes deux petits déjeuners au lieu d’un, car les hobbits aiment prendre plusieurs petits déjeuners par jour et nous voulons rester fidèles au véritable esprit hobbit. Bien entendu, tout sera préparé à partir de produits locaux. Beaucoup de gens nous ont conseillé de vendre des produits dérivés du Seigneur des Anneaux, mais si nous vendons quelque chose, ce seront nos propres produits – miel, tabac à pipe, confitures, produits du terroir. C’est bien mieux que des t-shirts ou des bibelots.
Il existe de nombreux autres villages de hobbits dans le monde. T’en es-tu inspiré ?
Je connais évidemment celui de Matamata, en Nouvelle-Zélande. C’est la plus belle comté de toutes, mais aussi la plus fausse (une reconstitution du plateau de tournage du Seigneur des Anneaux, qui offre des visites guidées aux visiteurs). Il en existe d’autres, par exemple en Amérique du Nord, mais ce sont des B&B à thème. Pour ma part, je veux proposer une expérience authentique : découvrir ce que signifie travailler la terre, être en contact avec les animaux, faire de longues promenades dans les bois.
Peux-tu m’en dire plus sur ton voyage au Vésuve avec ta « Communauté de l’Anneau » ?
Notre voyage « en Terre du Milieu » a été organisé pour donner de la visibilité au projet. Plus de 300 personnes se sont inscrites au concours que j’ai créé sur Instagram pour former notre Communauté de l’Anneau. Le hasard a voulu que les personnes tirées au sort soient toutes très bien assorties en termes de physique, de caractère, de compétences et de connaissances. Par exemple, le garçon qui a joué Gandalf connaît à fond toutes les œuvres de Tolkien et est devenu notre conteur ; celui qui a joué Pippin a écrit de merveilleuses chansons pour le voyage.
Nous avons également rencontré des difficultés, comme lorsque nous nous sommes perdus dans les bois de Molise pendant des heures sans connexion. Ou encore, lorsque nous sommes arrivés à Pompéi et que nous avons dû courir à la superintendance du patrimoine culturel pour demander une autorisation, car les personnes en costume ne sont pas autorisées à entrer dans le site archéologique.