Dans un communiqué, Wajdi Mouawad a également refusé de déprogrammer Jean-Pierre Baro, un metteur en scène qui avait été visé par une plainte pour viol classée sans suite, et qui met en scène une pièce pour La Colline, un des six théâtres nationaux en France.
La programmation des deux artistes a suscité l’émotion parmi le mouvement #MeTooThéâtre, qui prend de l’ampleur depuis quelques semaines.
Ne pas se “substituer à la justice”
Tout en affirmant adhérer “sans réserve” aux “combats pour l’égalité entre les femmes et les hommes et celui contre les violences et le harcèlement sexuel”, Wajdi Mouawad dit refuser de se “substituer à la justice”.
“Si une personne programmée ou invitée au théâtre se trouve engagée dans une procédure judiciaire, je l’inciterai à se retirer de la programmation jusqu’à ce que le travail de la justice ait été mené à son terme. À ce jour, personne ne se trouve dans cette situation dans la programmation du Théâtre de la Colline”, a indiqué le directeur, qui est également dramaturge.
“Je ne vois donc pas en quoi je devrais (…) demander à qui que ce soit de se retirer”, a souligné encore le metteur en scène, qui a commandé à Bertrand Cantat, ancien du groupe Noir Désir, la musique de son prochain spectacle, “Mère” (19 novembre-30 décembre).
“Je ne cherche ici à convaincre personne. Et si la ministre de la Culture ou le Président de la République, qui m’a nommé, considèrent que mes positions sont contraires aux principes républicains, que l’un ou l’autre me le fasse savoir et je quitterai la direction du théâtre sur le champ”, a encore indiqué le directeur libano-québecois.
Un mouvement “unilatéral” qui “ne souffre d’aucune nuance”
Interrogée lundi sur France Inter, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait indiqué qu’elle n’avait “pas à intervenir dans la gestion de La Colline”, mais qu’elle “regrettait” que Bertrand Cantat ait été invité. Wajdi Mouawad dit refuser de participer à un mouvement “unilatéral” qui “ne souffre d’aucune nuance” et qui “punit au-delà de la justice et du droit”.
L’actrice Marie Trintignant, fille de Jean-Louis Trintignant, avait succombé aux coups de Bertrand Cantat en 2003 à Vilnius. Le chanteur avait été condamné à huit ans de prison. Il en a effectué quatre avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin en 2011.
Ce n’est pas la première fois que les deux hommes collaborent. En 2011, la trilogie “Des Femmes” est mise en scène par Wajdi Mouawad, avec Bertrand Cantat qui devait être sur scène.
Face à la polémique, le chanteur ne montera pas sur les planches, ni au Canada ni au Festival d’Avignon. Le metteur en scène avait alors décidé de faire entendre la voix de Cantat à partir d’un enregistrement.
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