Difficile de dire pour le moment si des restrictions pour stopper la progression du nombre de cas et éviter une possible saturation des hôpitaux seront prises. Surtout que si le taux d’incidence progresse extrêmement vite dans la plupart des départements, la hausse est pour l’instant plus limitée du côté des hospitalisations.
Pour bien comprendre où en est la France face au Covid-19, Le HuffPost vous propose de regarder les derniers chiffres, mais surtout leur évolution en cartes et en courbes.
Les courbes nationales du Covid-19
Mardi 24 novembre, plus de 30.000 nouveaux cas ont été répertoriés par la Direction générale de la Santé. Une hausse claire et forte visible sur la courbe ci-dessous:
Les graphiques ci-dessous permettent de voir cet indicateur, ainsi que d’autres essentiels pour suivre l’évolution de l’épidémie:
Signification des différents indicateurs
- Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
- Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses.
- Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines.
- Entrées en réanimation et nouvelles hospitalisations: moyenne lissée sur 7 jours des personnes entrant à l’hôpital
- Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important.
- R effectif: cet indicateur représente le “taux de reproduction du virus” réel, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un cas contagieux. Il est calculé par des épidémiologistes et a lui aussi un délai important.
Comme on peut le voir, tous les indicateurs sont à la hausse depuis plusieurs jours. Mais le plus important, c’est de comprendre à quelle point cette évolution est rapide. Pour cela, il est intéressant de regarder l’évolution sur une semaine, en pourcentage, de ces chiffres:
Le taux d’incidence est en hausse de plus de 80% ces derniers jours, un chiffre qui n’a été atteint que pendant la quatrième vague de l’été, fulgurante, mais qui n’est pas montée aussi haut que les autres, probablement suite à l’instauration du pass sanitaire.
Du côté des indicateurs hospitaliers, le taux d’occupation en réanimation est encore faible (29%), mais le nombre de lits occupés progresse de plus de 10% depuis une dizaine de jours. Même chose pour les hospitalisations.
Carte du taux d’incidence par départements
Si l’on regarde l’évolution de l’épidémie de manière plus locale, on voit clairement que la tendance est à la hausse dans la quasi-totalité des départements métropolitains, mais avec des différences marquées entre les territoires, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, qui montre l’évolution du taux d’incidence sur une semaine.
En France métropolitaine, seuls 3 départements sont encore sous le seuil de 100 de taux d’incidence: la Manche, la Mayenne et les Deux-Sèvres. À l’inverse, l’incidence est supérieure à 250 en Ardèche, en Haute-Corse, dans les Bouches-du-Rhône, les Landes et le Haut-Rhin.
Le graphique ci-dessous permet d’analyser plus en détail la situation dans votre département.
La carte du taux d’occupation en réanimation
Du côté des indicateurs hospitaliers, aucune région n’est pour l’instant en tension à cause du Covid-19. Le taux d’occupation en réanimation est à 51% en Pays-de-la-Loire et inférieur à 50% dans toutes les autres régions.
Une vaccination très efficace, mais qui patine
Comment expliquer cette cinquième vague? Difficile à dire tant le coronavirus réussit à déjouer nos pronostics, mais il faut déjà rappeler qu’une hausse était prévisible, surtout avec la dominance du variant Delta, bien plus contagieux. Dans les derniers scénarios de l’Institut Pasteur, publiés début octobre, l’un des plus optimistes estimait que sans relâchement des mesures en vigueur, le taux de reproduction du virus allait progressivement augmenter avec le refroidissement des températures, mais sans entraîner une forte vague d’hospitalisation. En revanche, un relâchement des mesures risquait d’entraîner un pic d’hospitalisation similaire aux premières vagues.
Une hausse maîtrisée de l’épidémie en plein hiver, avec des mesures limitées (tel le pass sanitaire, le port du masque, l’aération des lieux clos, etc), n’est possible que grâce à la vaccination. Si le vaccin ne protège pas à 100%, il réduit le risque d’infection et baisse drastiquement le risque de développer une forme grave du Covid-19.
L’Institut Pasteur donnait deux exemples concrets dans ses scénarios montrant son importance: “Si la protection contre le risque d’hospitalisation est réduite de 5% (90% au lieu de 95%), le pic des hospitalisations pourrait passer de 1200 à 2100 par jour. Si la vaccination réduit le risque d’infection de 80% au lieu de 60%, on ne s’attend pas à une reprise importante de l’épidémie.”
Et si la France a été bonne élève sur sa campagne vaccinale, les injections sont aujourd’hui très faibles. L’allocution d’Emmanuel Macron et la décision de conditionner le pass sanitaire à une 3e dose pour les plus âgés a quelque peu relancé le nombre d’injections, notamment pour les rappels, comme on peut le voir ci-dessous.
Le graphique suivant permet de mieux se rendre compte de la progression des injections de rappel:
Des vaccins toujours efficaces face au Covid-19
Il n’est pas certain que les mesures actuelles et le niveau de vaccination permettent d’éviter une nouvelle vague de coronavirus dans les hôpitaux. Il faut par contre rappeler que les vaccins restent notre meilleure arme et protègent énormément face au risque de développer une forme grave de Covid-19.
Depuis début novembre, il y a plus de vaccinés hospitalisées que de non-vaccinés. Pour autant, il ne faut pas oublier que 91% des adultes ont reçu au moins une dose. En clair, l’écrasante majorité des Français étant vaccinée, il n’est pas anormal de voir plus de vaccinés que de non-vaccinés dans les hôpitaux Si l’on regarde à population égale (combien de personnes hospitalisées ou en réanimation pour un million de vaccinées ou non vaccinées), on voit bien l’effet clair de la vaccination. Les deux graphiques suivants permettent de s’en rendre facilement compte.
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