INTERNATIONAL – L’Ukraine a salué de “vraies chances” de désescalade, l’Allemagne des “progrès”. Le concert d’optimisme serait presque parfait après la visite d’Emmanuel Macron en Russie s’il n’y manquait pas une voix qui compte. Celle des États-Unis.
Depuis que le président français a rencontré ce lundi 7 février à Moscou son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de désamorcer la crise à la frontière ukrainienne, Washington brille par sa réserve, laissant même filtrer son scepticisme sur les potentielles “avancées” accueillies avec soulagement par les Européens.
“Une invasion pourrait commencer à tout moment”
D’ailleurs, Joe Biden a demandé aux Américains présents sur le territoire ukrainien de rentrer au pays par leur propre moyen ce jeudi 10 février. Les responsables américains doutent ouvertement des assurances qu’Emmanuel Macron affirme avoir “obtenues” du maître du Kremlin sur le fait qu’il n’y aurait pas d’escalade supplémentaire.
“S’il y a des progrès diplomatiques, nous les saluerons certainement, mais nous n’y croirons que lorsque nous les verrons avec nos yeux à la frontière”, a ainsi déclaré ce mardi 8 février la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, tandis que les grands médias américains mettaient l’accent sur des déclarations du Kremlin pouvant mettre en doute l’optimisme français.
Dès le lendemain, comme pour relativiser toute promesse russe faite à la France, le Pentagone assurait que Moscou continuait de renforcer son dispositif militaire déjà hors norme aux frontières de l’Ukraine, où le renseignement américain soupçonne la Russie de préparer une potentielle invasion imminente du pays voisin.
Les grandes manœuvres lancées au Bélarus par les armées russe et bélarusse représentent ”à nos yeux une escalade, certainement pas une désescalade”, a aussi estimé jeudi la vice-secrétaire d’État américaine, Wendy Sherman, sur la chaîne MSNBC.
De son côté, Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, sonne l’alerte et estime que l’invasion russe de l’Ukraine pourrait survenir ”à tout moment”, même pendant les Jeux olympiques de Pékin. “Nous sommes dans une période où une invasion pourrait commencer à tout moment, et pour être clair, cela inclut les Jeux olympiques”, a-t-il déclaré, balayant les spéculations selon lesquelles Moscou attendrait la fin des Jeux de Pékin pour éviter de faire de l’ombre à son allié chinois.
“Les choses pourraient très vite s’emballer”
Par la suite, le président américain a appelé ce jeudi 10 février les citoyens américains à quitter l’Ukraine “maintenant” en raison du risque accru d’une invasion russe, en avertissant que la situation pouvait “vite s’emballer” malgré les efforts diplomatiques des dernières semaines.
“Les choses pourraient vite s’emballer”, a mis en garde le président américain dans une interview à la chaîne NBC. Il a répété qu’il n’enverrait pas de soldats sur le terrain en Ukraine, même pour évacuer des Américains dans l’hypothèse d’une invasion russe, car cela pourrait déclencher “une guerre mondiale”.
“Quand les Américains et les Russes commencent à se tirer dessus, nous sommes dans un monde très différent”, a-t-il affirmé. “Les citoyens américains devraient partir, ils devraient partir maintenant. Nous avons affaire à l’une des plus grandes armées du monde”, a également plaidé le président en référence à l’armée russe. Un mot d’ordre également suivi par le voisin canadien: “Si vous êtes en Ukraine, vous devriez partir”, a indiqué le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.
Trois coups de fil en 8 jours entre Biden et Macron
Joe Biden s’est finalement entretenu ce mercredi 9 février au téléphone avec son homologue français, et leurs ministres des Affaires étrangères se sont parlé ce jeudi, mais les communiqués américains ne laissent filtrer que peu d’informations.
Celui de la Maison Blanche se borne à rapporter que les deux dirigeants ont évoqué “les récentes rencontres du président Macron en Russie et en Ukraine”, sans un adjectif pour les qualifier. Et celui de la diplomatie américaine ne les mentionne même pas, évoquant beaucoup plus largement “les efforts conjoints des alliés de l’Otan, partenaires de l’UE, membres du G7, et autres partenaires pour faire face au déploiement militaire persistant de la Russie aux frontières de l’Ukraine”.
Pourtant, le gouvernement américain insiste sur la coordination sans précédent qui existe dans cette crise avec ses alliés, ce dont conviennent volontiers les diplomates français et européens ― les présidents Biden et Macron ont d’ailleurs échangé trois coups de fil en huit jours.
“Les États-Unis accueillent favorablement ces initiatives car elles permettent de démultiplier les messages passés à Moscou, dans la mesure où ils sont coordonnés en amont et qu’il n’y a pas de dissonance entre alliés”, explique à l’AFP Pierre Morcos, chercheur français au Center for Strategic and International Studies de Washington.
Les Occidentaux qui se relaient auprès des Russes sont à l’unisson sur la menace de sanctions sans précédent en cas d’offensive militaire, même si, selon cet expert, “Paris essaie de miser sur la voie diplomatique et d’investir au maximum ce champ-là”.
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