Marion Cotillard : défendre l’écologie quand on est actrice
Cannes Je me souviens, quand j’ai commencé le cinéma, à la fin de la journée, il y avait des poubelles entières de gobelets qui n’étaient pas du tout recyclés. À l’époque, je rouspétais énormément. Et c’était encore une époque où on prenait les gens qui se révoltaient contre ça, ou qui s’indignaient en tout cas, pour des gens un peu chelous. – Bonjour, Marion Cotillard. -Bonjour. Cette année, vous êtes à Cannes pour présenter Frère et Soeur, d’Arnaud Desplechin. L’industrie du cinéma, on le sait, c’est une industrie qui est assez polluante. Mais il y a plein de tournages qui commencent à essayer de mettre des choses en place. Est-ce que sur Frère et Soeur, il y a des choses qui ont été mises en place et comment ça s’est passé ? Alors effectivement, il y a le tri qui est très important parce qu’on consomme beaucoup. De plus en plus, les tournages du gâchis. Il y a beaucoup de personnes dans une équipe et si on se met tous, à chaque fois qu’on boit de l’eau, à prendre un gobelet en plastique, à la fin de la journée, ça fait vraiment beaucoup. Donc donc chaque production maintenant fait vraiment… s’attache à avoir une action positive dans, effectivement, une industrie Ça vous choquait, ça, à vos débuts, ces amas de poubelles dont Vous venez de me parler ? Vous venez de me parler? Oui! Oui, oui. Et puis, à l’époque, pour des gens un peu chelous, un peu… Mais aujourd’hui, enfin, je veux dire, on est tous dans le même bateau et on se rend bien compte qu’il y a des choses à faire et il y a des possibilités de vraiment réduire notre impact. Et vous, cette conscience-là, Elle est née comment chez vous? de mon éducation. Mes parents, J’avais des grands-parents qui travaillaient dans les jardins, qui étaient maraîchers, qui n’ont jamais rien gâché. C’étaient aussi des gens qui avaient vécu la guerre, donc ils avaient… Sans avoir conscience de ce qui se passait au niveau de la planète, au niveau du climat, au niveau de la biodiversité, c’est des gens qui ne gâchaient pas. Et j’ai vraiment été élevée comme ça. J’ai retrouvé une interview de vous au moment de la sortie de De rouille et d’os. Et vous disiez au départ que vous n’aviez pas envie de faire ce film, « rédhibitoire », “rédhibitoire », c’est le mot que vous avez utilisé, parce que ça parlait des orques… Non, en fait, j’avais entendu parler du projet, on m’avait pas encore proposé le film. J’avais entendu parler de ce projet et je m’étais dit voilà un film que je serais bien incapable de faire parce que je n’aime pas les aquariums, je n’aime pas les zoos. J’ai beaucoup de mal avec les animaux en captivité. Et puis, quand il m’a été proposé… j’ai trouvé le scénario magnifique, j’ai… C’est difficile de refuser un film avec un artiste comme Jacques Audiard et… Mais ça a été compliqué pour moi sur le tournage. D’ailleurs, je suis bannie du Marineland d’Antibes on m’a demandé de réagir par rapport à ces endroits. Et même si j’y ai rencontré des gens merveilleux, qui aiment leur métier, qui aiment les animaux, qui sont passionnés par ce qu’ils font, c’est quand même quelque chose que j’ai du mal à comprendre. Il y a quelques mois, j’ai un collègue de Brut qui est rentré au Marineland avec une caméra discrète pour filmer les orques qui sont dans un état de santé vraiment très, très préoccupant. Aujourd’hui, si on Vous reproposait un film vous reproposait un film qui se passerait dans cet univers-là, est-ce que vous le feriez ? Ouh! C’est une bonne question. Bah déjà, tout dépend de l’histoire, encore une fois, du metteur en scène… enfin, du réalisateur ou de la réalisatrice. Mais j’aurais du mal, je pense. J’aurais du mal. je ne pourrais pas retourner au Marineland, donc… je Je suis allée regarder un peu les commentaires sur les réseaux sociaux. Il y a un truc qui revient régulièrement, c’est la mise en opposition entre votre engagement et le fait que vous soyez égérie d’une grande marque de luxe. Comment vous y répondez, Cette grande marque de luxe, qui existe, quiexiste, qui est aussi un joyau, quelque part, de la France, de la culture française s’attache à être de plus en plus vertueuse, qui n’aiment pas communiquer et ils ne communiquent pas sur les choses formidables qu’ils font. Et ils font des choses vraiment formidables. Et aussi, dans les discussions que je peux avoir avec eux, on s’apporte chacun beaucoup de choses. Ils ont évidemment conscience qu’ils ont la nécessité de devenir, aussi, quelque part, exemplaires, et qu’à partir du moment où ils s’attachent à évoluer, j’ai envie de les soutenir aussi. Je comprends tout à fait que ça puisse choquer les gens et que ça puisse paraître incohérent. Mais dans ces cas-là aussi, alors… Je ne pense pas qu’on doive arrêter de faire des films ou de produire des produits de consommation, mais avec cette idée que plus on est vertueux, mieux c’est. Et encore une fois, j’aime cette idée de faire du mieux qu’on peut. Journaliste Cécile Guthleben Montage Benoît Bringtown
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