MOBILITÉS – “Sans lui, je n’irai jamais en centre-ville toute seule”. À Lyon, la vie quotidienne de Virginie Béjot a drastiquement changé depuis qu’elle utilise “Benur”. Un tricycle qui lui permet de faire du vélo en restant dans son propre fauteuil roulant et sans l’intervention d’une tierce personne. Un gain d’autonomie et de liberté.
Ce n’est pas un cargo, ni un triporteur mais bien un vélo individuel adapté aux personnes à mobilité réduite. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo, ce “handbike” (contraction des mots handicap et vélo en anglais) ne se pédale pas avec les pieds mais avec les mains, pour s’adapter à tous les profils.
“Ce n’est absolument pas fatigant de maindaler. Je fais même du sport, c’est bon pour moi.” souligne la jeune femme. “Au pire, je peux avancer simplement avec le bouton accélérateur”. Le tricycle est un VAE, vélo à assistance électrique, qui se recharge en maindalant, avec une autonomie de 80 kilomètres. Sa rampe permet donc à une personne en fauteuil de s’y installer seule et de rouler “comme tout le monde”.
Un vélo entre 6000 et 8000 euros
L’engin a été imaginé par Joseph Mignozzi à la suite d’un accident de la route, en 2012, il se retrouve en fauteuil roulant pendant plus de deux ans. “Du jour au lendemain, je ne pouvais plus utiliser mon propre vélo et encore moins les vélos en libre-service en bas de chez moi”, déplore l’ancien restaurateur.
L’homme de 49 ans fabrique alors son premier prototype et l’utilise pour ses propres besoins. Avec l’aide de médecins rééducateurs et après plusieurs modèles, la première série de vélo est fabriquée en 2020. Depuis, douze vélos sont disponibles au grand public, à Chambery, sur la gigantesque piste cyclable “ViaRhôna” et bientôt une dizaine de tricycles dans la métropole de Lyon.
Les vélos sont vendus aux collectivités entre 6000 et 8000 euros selon les modèles. Ces dernières choisissent les modes de location. “Mon objectif est que tout le monde puisse avoir accès au vélo sans avoir à supporter le poids financier”, nous indique Joseph Mignozzi.
30% d’utilisateurs valides
Autre ambition pour le créateur de “Benur”, “casser la barrière entre deux mondes”, celui des personnes en situation de handicap et celui des personnes dites valides. Le vélo est dit “inclusif”, il peut accueillir des personnes dites valides grâce à ces sièges amovibles. Selon l’entreprise, ils seraient 30% à utiliser le tricycle.
Les solutions adaptées au monde du handicap étaient “très mal et très peu utilisées” car trop stigmatisantes, selon lui. Avec les vélos déjà existants, “on remarque encore plus dans la rue les personnes en fauteuil roulant, il fallait changer cela”, conclut-il.
Un pari réussi sur tous les tableaux pour Virginie Béjot. Plus en sécurité car plus en hauteur sur le tricycle, la quadragénaire a pris l’habitude de rouler avec des personnes valides: “C’est agréable, on partage le même outil, de la même manière. On est à égalité.”
Cette vidéo fait partie de notre série de vidéos “En Transit.ion”. Comment se déplacera-t-on (mieux) demain? Retrouvez nos sujets et reportages sur cette page. Cette série de vidéos est soutenue par Toyota. Vous pouvez consulter notre charte des partenariats ici. Une idée, une information à partager pour cette série de reportages? Vous pouvez nous écrire à l’adresse entransition@huffpost.fr
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