“On l’a fait! On l’a fait!” Les fesses sur le parquet mythique du Garden, les yeux embués, après une performance encore magistrale (34 pts), Stephen Curry a été inévitablement pris par l’émotion. Un sentiment partagé ensuite avec Dell, son père, ancien shooteur hors-pair à qui il doit d’être le meilleur marqueur à trois points de l’histoire.
Premier trophée de MVP des finales pour Steph Curry
Logiquement, avec 31,2 points de moyenne, il a été désigné MVP (comprendre meilleur joueur) de la finale, pour la première fois, à 34 ans. Ce qui rend encore un peu plus prodigieuse sa carrière. Non pas qu’il fut passé à côté, réussissant à plusieurs reprises des matches de haute volée, mais Andre Iguodala en 2015, puis Kevin Durant en 2017 et 2018, s’étaient montrés plus constants au cours des précédentes finales gagnées par les Warriors.
Tant et si bien que l’étiquette du joueur incapable d’élever son niveau dans les joutes les plus cruciales collait à la peau du meneur, pourtant auréolé de deux trophées de meilleur joueur en saison régulière (2015, 2016). Impérial quasiment tout du long de la finale cette fois, il a notamment été stratosphérique au match n° 4 (il faut remporter 4 matches sur un maximum de 7 pour être champion), son chef d’œuvre (43 pts). Dans le volcan du TD Garden, une salle de Boston soudain éteinte, il avait remis à l’endroit son équipe qui ne pouvait pas se permettre d’être menée 3-1.
Sa seule fausse note aura été le 0/9 sur les tirs à 3 points lors de la joute suivante, une première pour lui en 133 matches de play-offs. Mais qu’importe, avec lui, ce type de mésaventure ne se produit jamais deux fois d’affilée et il a su réagir en champion ce jeudi avec un 6/11 dans l’exercice (12/21 au total, 7 rebonds, 7 passes décisives).
Une résurrection pour les Californiens
Hormis un tout début de rencontre à l’avantage des Celtics (14-2), les Warriors ont maîtrisé leur sujet au cours de l’ultime rencontre de ce jeudi. Leur défense a été de fer, provoquant 22 ballons pertes de balle du côté de Boston, tout en gagnant la bataille du rebond (29 dont 15 offensifs). En dix minutes, ils ont infligé un 35-8 à Boston, KO debout comme son public pourtant bouillant jusque-là, en réussissant au passage un 21-0, du jamais vu en finale en 50 ans.
Les Celtics sont perpétuellement rentrés dans ce mur bleu, malgré un sursaut, dans le sillage de Jaylen Brown (34 pts) qui les a un temps ramenés à -8 et qui n’a pas semblé atteint par la fatigue, lui qui a disputé chaque seconde du 6e match de jeudi. Mais à chaque fois un Warrior répondait.
Les “Dubs”, qui remportent la série 4-2, ravivent de façon spectaculaire une dynastie débutée en 2015, avec un titre glané cette année-là avant deux autres en 2017 et 2018, tout en ayant perdu en finales 2016 et 2019. Ils avaient gagné deux premières bagues à l’époque où ils jouaient à Philadelphie (1947 et 1956) et une troisième, sous le maillot de Golden State, en 1975.
Ce retour au sommet de la NBA n’était pas attendu il y a huit mois, quand débutait le championnat. Car les Warriors sortaient de deux années noires, plombés par le départ de Kevin Durant, les nombreuses blessures, dont celles, graves, qui ont foudroyé Klay Thompson, victime de ruptures à un ligament croisé et au tendon d’Achille droit. Ce dernier, absent des parquets pendant 941 jours, a fait son retour cette année. Et s’il n’est pas tout à fait redevenu le shooteur diabolique qu’il fut, comme en témoignent ses 12 points (à 5/20), il symbolise la résurrection de Golden State.
Triomphe pour Steve Kerr, plusieurs Warriors dans le cercle fermé des quadruples champions
Thompson et Curry, qui sont baptisés les “Splash Brothers” pour leur capacité à atteindre leur cible à longue distance, ne sont pas les seuls à accrocher une quatrième bague à leur doigt. Ils rejoignent le club des LeBron James, Shaquille O’Neal et autres Tony Parker, puisque le “Warrior” Draymond Green (12 pts, 12 rbds, 8 passes), le pivot Kevon Looney et le vétéran Andre Igodala les accompagnent.
Pour Steve Kerr, architecte de la dynastie Warriors, ce sacre en tant qu’entraîneur est aussi le quatrième, auxquels s’ajoutent cinq autres du temps où il était joueur, trois d’abord avec les Bulls de Michael Jordan (1996, 1997, 1998) et deux autres avec les Spurs de Gregg Popovich (1999, 2003).
Il a réussi à reconstruire un groupe compétitif et gagnant, avec des jeunes comme Andrew Wiggins, arrivé à maturité, Jordan Poole, Gary Payton II ou encore Otto Porter Jr., auxquels les stars ont transmis leur “ADN de champions”. “Cet ADN, on ne peut pas vraiment l’enseigner. Notre ossature et notre façon de jouer, c’est ce qui nous rend uniques et différents”, disait, à raison, Curry avant cette finale.
À voir également sur le HuffPost: Les Milwaukee Bucks remportent leur premier titre depuis 50 ans, scènes de liesse dans la ville