L’ancien ministre de la Santé, qui retrouve la lumière après avoir porté la communication de l’exécutif au plus fort de la crise du Covid-19, a profité de ce premier rendez-vous avec la presse pour en dire davantage sur la stratégie du gouvernement dans les mois à venir. Puisque la “majorité relative” à l’Assemblée nationale ne “permet pas” à l’exécutif de faire passer tous ses projets de loi “dans n’importe quelles conditions”, le travail se fera “texte par texte”, a-t-il ainsi confirmé, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.
La main tendue (mais ferme)
C’est effectivement l’un des enseignements de ce remaniement: Emmanuel Macron et Elisabeth Borne n’ont pas réussi à former une équipe capable de faire bouger les lignes au palais Bourbon. “Il convient de prendre acte de l’absence de volonté des partis de gouvernement de participer à un accord de gouvernement”, a d’ailleurs pris soin de lancer le chef de l’État en ouverture du Conseil des ministres ce lundi, quand les caméras étaient autorisées à filmer. Alors, pour cette nouvelle ère, les majorités devront être construites au cas pas cas, dans les couloirs du Parlement.
Olivier Véran prône “la concertation” avec “les oppositions constructives, qui veulent travailler”, pas celles tentées de “rejouer les élections”. Une pique à peine voilée à destination d’une partie des élus de gauche ou du Rassemblement national, dont certains remettent parfois en cause la légitimité du locataire de l’Elysée et de l’exécutif.
Il y aura sans doute moins de textes et ces textes seront sans doute plus courts.Olivier Véran, Porte-Parole du gouvernement
“La main est tendue avec bienveillance”, a-t-il ainsi expliqué ce lundi soir, en prenant soin de rappeler, toutefois, que les discussions se feront sur la base du programme d’Emmanuel Macron. Car les Français, dit-il, “ont accordé leur confiance au projet présenté par le président de la République et par la majorité présidentielle, donc ce projet, nous voulons le mettre en œuvre.”
Plus concrètement, le nouveau porte-parole du gouvernement, également chargé du “Renouveau démocratique”, a évoqué des réformes forcément moins nombreuses et préparées différemment. “Si on veut travailler texte par texte et obtenir des majorités, il y aura sans doute moins de textes et ces textes seront sans doute plus courts”, a-t-il ainsi prévenu, comme vous pouvez le voir ci-dessous, pour “chercher” plus facilement “des consensus”.
Dans le détail, Élisabeth Borne et son ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, doivent trouver la petite quarantaine voix qui les sépare de la majorité absolue, et ce, à chaque vote à l’Assemblée. Ou compter sur l’abstention d’une partie de l’opposition… ce qui, là aussi, promet d’être âprement négocié.
Et Michel Rocard?
En attendant, le gouvernement veut se montrer à la tâche. Olivier Véran a notamment évoqué les projets de loi sur le pouvoir d’achat à venir ou sur l’épidémie de Covid-19, en espérant des “avis favorables” de l’opposition. “Je vois mal qui s’y opposerait”, a-t-il encore lancé, en listant des mesures pour le porte-feuille des ménages, “convaincu que personne n’a intérêt au blocage du pays, ce n’est pas le message des Français.”
”Des textes emporteront l’assentiment favorable de la gauche, d’autres de la droite”, espère l’ancien ministre de la Santé, pour qui la situation n’est pas aussi exceptionnelle que cela. “Je ne crois pas que le gouvernement de Rocard était impuissant”, a-t-il notamment répondu à un journaliste qui l’interrogeait sur le poids (restreint) de la nouvelle équipe autour d’Élisabeth Borne. Une façon de dédramatiser les choses.
Comme le socialiste en 1988, la nouvelle locataire de Matignon est l’une des seules, dans l’histoire de la Ve République, à ne pas jouir d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Elle est également l’une des seules à ne pas se risquer à demander la confiance des députés.
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