Le photographe Romain Ruiz s’est rendu dans la commune de Plonévez-Porzay le 27 août dernier pour assister à la cérémonie au milieu des croix en néon, des bannières brodées en l’honneur des saints et des fidèles en quête d’indulgence. D’ordinaire, après une messe solennelle et un exercice de circumambulation autour du lieu de culte, le cortège se dirige vers le sommet de la dune qui surplombe la baie de Douarnenez.
« On est loin des processions religieuses plus classiques comme celle du Puy-en-Velay. Ici, la moyenne d’âge est beaucoup plus élevée – les seuls jeunes présents sont des scouts – et la ferveur s’exprime de manière très différente », raconte Romain à VICE. « C’est une cérémonie profondément reliée à la nature. On est sur la pointe du Finistère où les paysages, tantôt brumeux, rocheux ou lunaires donnent à l’ensemble un aspect surnaturel. »
« On peut se rendre à un pardon des motards, des camping-caristes ou des surfeurs. C’est un évènement polymorphe qui prend un sens très différent selon qu’il se déroule ici ou là. »
Il existe en Bretagne plus de 2 000 pardons pendant lesquels le pratiquant tente d’obtenir une rémission totale des peines encourues pour ses péchés. Celui de Sainte-Anne-la-Palud aurait été établi vers l’an 500, ce qui en fait un des plus anciens et des plus importants de la région. « Il existe des pardons très variés. Certains sont à destination des pêcheurs, d’autres dédiés à la terre, précise Romain. La célébration a même évolué avec son temps. On peut aujourd’hui se rendre à un pardon des motards, des camping-caristes ou des surfeurs. C’est un évènement polymorphe qui prend un sens très différent selon qu’il se déroule ici ou là. »
À quelques pas de l’édifice religieux, des petits chapiteaux et une buvette « comme en festival » ont été installés sur un terrain légèrement en pente, ancien marais qui aurait été offert par le roi Gradlon à Sainte-Anne après la submersion d’Ys, ville punie pour ses élans de stupre et avalée par l’océan. Réminiscence de ce folklore, certains porteurs de croix et de bannières sont en costume traditionnel. « Parler de profane ne veut plus dire grand-chose mais ici, ça se traduit par une influence celtique et des éléments ancrés dans le terroir », souligne Romain.
« La Bretagne est la région de France où il y a le plus de bannières. Chacune représente un saint dans son propre style. Le temps de la cérémonie, les bannières sont laissées aux pardonneurs qui peuvent les embrasser, comme des reliques », décrit le photographe. « C’est l’occasion pour les fidèles de se réunir et de se rappeler que la religion a pu servir de ciment à la construction d’une identité bretonne et de la région telle qu’on la connaît aujourd’hui. »
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