Accompagnant ce moment historique, des coups de feu ont éclaté à Kaboul, célébrant la prise de contrôle par les talibans de l’aéroport de la capitale afghane. “Nous avons écrit l’Histoire”, s’est félicité un responsable taliban après le départ des forces américaines.
L’ambassadeur américain Ross Wilson et un général, Chris Donahue, sont les derniers Américains à avoir quitté le pays. Les deux hommes sont les derniers à être montés à bord de l’avion.
Le retrait militaire américain s’est donc achevé 24 heures avant la fin de la journée du 31 août, date butoir fixée par Joe Biden. Le président s’adressera mardi à ses concitoyens, nombreux à se demander à quoi auront finalement servi ces deux décennies d’engagement en Afghanistan.
Le Pentagone a reconnu ce lundi n’avoir pas pu faire sortir d’Afghanistan autant de personnes que voulu.
De vives critiques de l’opposition républicaine ont suivi l’annonce de cet échec.
Le président a abandonné “des Américains à la merci de terroristes”, a ainsi déclaré le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy.
Washington continuera à “aider” tous les Américains qui veulent quitter l’Afghanistan, a assuré ce lundi soir le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Les États-Unis “travailleront” avec les talibans s’ils tiennent leurs engagements, a-t-il ajouté.
De 100 à 200 Américains seraient encore en Afghanistan, selon Antony Blinken, qui a annoncé un transfert à Doha, au Qatar, des activités diplomatiques et consulaires de l’ambassade des États-Unis à Kaboul.
L’armée américaine a par ailleurs indiqué avoir détruit des aéronefs, des véhicules blindés et un système de défense anti-missiles avant de quitter l’aéroport de Kaboul.
123.000 civils évacués
Depuis le 14 août, sur une période de 18 jours, les avions des États-Unis et de leurs alliés ont évacué par un gigantesque pont aérien plus de 123.000 civils de l’aéroport international Hamid Karzai, a également précisé le général McKenzie.
Ces opérations risquées ont été endeuillées par un attentat-suicide perpétré le 26 août par la branche locale de Daech, qui a fait plus de cent morts dont treize militaires américains.
Les forces américaines étaient entrées en Afghanistan le 7 octobre 2001 pour chasser du pouvoir les talibans, en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11-Septembre.
Deux décennies plus tard, les talibans ont profité du retrait américain progressif ces derniers mois et de l’effondrement des forces de sécurité afghanes pour entrer dans Kaboul le 15 août et reprendre le pouvoir, après une offensive militaire éclair non anticipée par Washington.
Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer dans la précipitation depuis l’aéroport de Kaboul leurs ressortissants et des Afghans susceptibles de subir des représailles de la part des talibans, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères.
Alors que le retrait militaire entamé à la mi-avril s’était déroulé sans anicroche et qu’il ne restait plus qu’un millier de soldats américains à Kaboul en prévision du retrait annoncé le 31 août, le président Joe Biden a dû renvoyer 6000 soldats dans la capitale afghane pour évacuer les diplomates américains qu’il pensait pouvoir laisser sur place.
La victoire des talibans et la fuite du pays du président Ashraf Ghani ont provoqué la panique à Kaboul. Des milliers d’Afghans ont envahi le tarmac de l’aéroport de Kaboul pour fuir le nouveau régime taliban, certains se sont agrippés follement à des avions militaires en train de décoller, pour tomber dans le vide quelques minutes plus tard.
2456 Américains morts en 20 ans
Le pont aérien a pris de l’ampleur au fil des jours jusqu’à jeudi, lorsqu’un attentat suicide aux abords de l’aéroport, revendiqué par l’État islamique au Khorasan (EI-K), a fait plus d’une centaine de morts, dont les 13 militaires américains.
L’armée américaine, qui a dit avoir déjoué dimanche un attentat à la voiture piégée et contré ce lundi des tirs de roquettes sur l’aéroport de Kaboul, est restée très discrète sur la fin du retrait, par souci de sécurité.
Mettant un point final à la plus longue guerre de l’Amérique, le dernier appareil américain a décollé avant le lever du jour, loin des caméras.
Les États-Unis déplorent 2456 morts et une facture de 2313 milliards de dollars en 20 ans, selon une étude de la Brown University. Ils ressortent de cette guerre avec une image encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.
Joe Biden a justifié sa décision de retirer les troupes américaines par son refus de faire perdurer plus longtemps cette guerre et par le fait que leur mission avait été accomplie avec la mort de Ben Laden, tué par les forces spéciales américaines en 2011 au Pakistan.
Les islamistes se sont efforcés depuis leur retour au pouvoir d’afficher une image d’ouverture et de modération qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux pays et observateurs.
Lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001, ils avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.
Les islamistes se sont efforcés depuis leur retour au pouvoir d’afficher une image d’ouverture et de modération qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux pays et observateurs.
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