« Alors, le bébé, c’est pour quand? » La question qui me fait redouter Noël 2021 – BLOG

Le confinement ne semble pas au menu de cette édition 2021 des fêtes de Noël, impossible (ou presque) d’échapper cette année aux retrouvailles familiales après une année 2020 marquée par les sévères restrictions de la pandémie de Covid-19.
Faut-il pour autant se réjouir? Pas pour moi. Je redoute le retour de LA question qui tue: “Alors, c’est pour quand les enfants?”.
«[..] J’ai le sentiment que ma parole et ma santé ont été sacrifiées sur l’autel du Covid-19 et je suis persuadée de ne pas être la seule dans cette situation.»
Trentenaire, en couple depuis des années avec une moitié formidable, bientôt mariée, en situation professionnelle stable et désormais propriétaire d’une habitation qui compte plus de chambres que d’occupants, tous les éléments sont alignés pour provoquer, bien malgré moi, l’irruption de cette question au cours d’un long repas de famille.
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés.
Voilà pourquoi je tiens à partager cette belle illustration de @johanneaverdy qui résume clairement la situation, cette situation pourtant méconnue de 90% des personnes dans ce monde.
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L’endométriose et le Covid
Nous étions alors au printemps 2021, nous avions bon espoir de pouvoir enfin concrétiser notre projet, près de deux ans après son coup d’envoi. Mais en pleine stimulation ovarienne, une endométriose sévère m’a été détectée. S’en est ensuivi une tentative de PMA qui – vue d’aujourd’hui – relève de la pure consolation psychologique pour panser une plaie béante, celle du traitement de patients à la chaîne sur fond de goulot d’étranglement post-Covid.
Entre des médecins qui n’auscultent pas leurs patients, des laborantins qui laissent mourir des embryons les weekends (puisque personne ne travaille au labo de FIV les samedis et dimanches) en passant par les gynécologues incapables de détecter une endométriose malgré des symptômes tels que des règles douloureuses, des rapports douloureux ainsi que des troubles digestifs et urinaires, j’ai le sentiment que ma parole et ma santé ont été sacrifiées sur l’autel du Covid-19 et je suis persuadée de ne pas être la seule dans cette situation.
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Oui, cette pandémie est exceptionnelle et nécessite des réponses à la hauteur du défi. Mais non, tout le monde ne souffre pas du Covid dans ce bas monde qui – bien malgré lui – continuer de tourner.
De nombreux observateurs s’attendaient à un baby-boom à la fin de l’année 2020 et au début de l’année 2021, à cause du confinement. Finalement, le taux de natalité a baissé. Le discours populaire attribue ce phénomène à l’insécurité générée par la crise sanitaire. Les observateurs avisés du monde médical soulignent pour leur part que de nombreux services de PMA sont restés portes closes durant le premier confinement.
Avoir un enfant, une décision intime
Je ne suis pas la seule à vivre cela: l’endométriose concerne 10% des femmes environ et il faut en moyenne 7 ans pour la détecter. Quant aux problèmes de fertilité, ils concernent 15% à 20% des couples selon différentes études. Stress, perturbateurs endocriniens, désir d’enfant tardif, dégradation de la qualité du sperme, sont autant d’éléments qui poussent chaque année des milliers de couples vers les services de PMA. Si certains ont en tête l’image de couples homosexuels désireux de procréer avec l’aide d’un donneur ou d’une donneuse, ceux-là sont – dans le centre PMA que je fréquente – une minorité. Dans la salle d’attente, je vois des couples, hétéros, trentenaires ou parfois plus, actifs professionnellement, non-fumeurs et dont l’apparence physique ne laisse transparaître aucun souci de santé.
Cette réalité, tous ceux et celles qui posent la question tant redoutée l’ignorent. Ils imaginent certainement qu’on fait un enfant comme on commande un colis sur Amazon. Eh bien j’aimerais leur dire que ce n’est pas le cas. Et qu’à l’heure d’écrire ces lignes, j’ignore si un jour je pourrai connaître la maternité et faire avancer mon couple dans cette phase tant espérée.
Alors, avant de poser cette question qui titille tant votre curiosité, n’oubliez jamais qu’avoir un enfant, vu l’endroit du corps dans lequel cela se passe, c’est tout simplement un sujet intime qui ne regarde personne d’autre que les principaux protagonistes.
Et joyeux Noël.
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Le nom d’utilisateur de l’autrice de ce témoignage a été modifié à sa demande.
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