ANNA ET LES LOUPS
(Ana y los lobos) Carlos SAURA – Espagne 1973 1h42mn VOSTF – avec Geraldine Chaplin, Fernando Fernan Gomez, José Maria Prada, José Vivo, Rafaela Aparicio… Scénario de Rafael Azcona et Carlos Saura.
Du 29/03/23 au 02/05/23
Une allégorie saisissante sur l’oppression étouffante imposée à l’Espagne par le régime franquiste finissant. La famille monstrueuse comme microcosme d’une société mortifère.
Anna, une institutrice (ou gouvernante) étrangère, arrive dans une orgueilleuse maison de maîtres où règne par son infantilisme tyrannique la mère-symbole. Cette mère a trois fils qui représentent chacun une forme spécifique du pouvoir répressif dans la société franquiste : le loup-Religion, le loup-Armée et le loup-Ordre moral.
Dès son arrivée, Anna est interpellée par José (le loup-armée) qui vérifie ses papiers et contrôle ses bagages. On vient donc de passer la frontière, la visite touristique peut commencer. La cérémonie du repas va se dérouler selon un rituel auquel tous semblent s’être résignés par respect et tradition : la mère à moitié gâteuse, sur-maternelle, radote, occupe l’espace et accapare tout l’intérêt par son égocentrisme paranoïaque. La première nuit, Anna est déjà abordée galamment par Juan (le loup-ordre moral), un véritable obsédé sexuel, lubrique, indécent et envahissant, visiblement insatisfait par sa seule épouse à qui il a fait trois filles. Le lendemain, Fernando, le frère mystique (le loup-religion, « mon préféré » avoue la mère) reçoit la visite d’Anna dans la grotte où il se consacre à ses exercices pieux dans l’imitation des grands modèles des xvie et xviie siècles comme en témoignent ses textes de référence. Enfin José révèle à Anna sa collection d’uniformes et d’armes, véritable musée du fétichisme militaire, et lui demande de s’en occuper en priorité.
Chacun des frères souhaite ainsi, secrètement, la possession exclusive de la jeune étrangère, ce qui donne lieu à quelques scènes savoureuses dont la drôlerie, pour le spectateur, provient du naturel et du sérieux mis dans la manifestation des désirs les plus infantiles sous couvert des conventions. Dans ce climat de folie douce et de débilité collective, Anna reçoit jour après jour des lettres anonymes obscènes…
(Marcel Oms in Carlos Saura)
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