“J’ai réussi à dire qu’on peut être heureux et homo, heureux et noir, heureux et en surpoids, heureux et ancien SDF”, ajoute-t-il avant de confier, dans un éclat de rire: ”Ça fait déjà un sacré CV”.
Ce vendredi 19 janvier, la ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes recevait dans son ministère l’artiste Luc Laservanne, candidat de l’émission The Voice et récemment sélectionné pour participer aux “Battles” du télé-crochet de la chaîne TF1, sous les couleurs de Marc Lavoine. L’occasion pour elle de lui témoigner son “admiration”. “Vous apportez votre pierre à l’édifice en montrant votre vulnérabilité la plus profonde”, lui a-t-elle confié à l’issue de leur rendez-vous. “Vous êtes magnifique et vous êtes courageux”.
Originaire du Cantal, ce tromboniste de 30 ans avait interprété une très belle reprise du “Chant des partisans” de Germaine Sablon. Il avait également parlé de son homosexualité et confié avoir été chassé de chez sa mère en raison de son homosexualité et vécu dans la rue pendant six ans.
Nous avons pu nous entretenir avec lui à l’issue de sa rencontre. Pour Le HuffPost, il revient sur les semaines qui ont suivi son passage dans l’émission et sur l’émotion que son témoignage a suscité.
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Trois semaines après votre prestation dans “The Voice”, comment allez-vous?
Je vais bien. Il s’est passé énormément de choses en quelques semaines, c’est assez fou. J’ai reçu plus de 10.000 messages sur Instagram suite à ma venue dans l’émission: des quinquagénaire qui me disent avoir fait leur coming-out après m’avoir entendu, des jeunes LGBT+ abandonnés par leur famille que j’ai redirigé vers des associations. Je suis fier d’avoir touché autant de personnes et j’ai d’ailleurs tenu, avec l’aide de ma voisine, à leur répondre un par un. J’ai terminé il y a quelques jours.
Vous avez raconté avoir vécu dans la rue après avoir été chassé de chez votre mère en raison de votre homosexualité. Est-ce que c’était naturel pour vous de vous confier ainsi?
Je tiens d’abord à dire qu’au départ, je n’ai pas été choisi pour mon histoire, mais pour ma voix. C’est plus tard que j’ai parlé de ce qui m’était arrivé. D’ailleurs, je me suis beaucoup demandé si je devais le dire ou pas (à la production, ndlr). Je ne voulais pas qu’on me sélectionne par pitié ou qu’on s’intéresse uniquement à moi par rapport à cette histoire. Mais je me suis dit ‘tant pis, il faut que j’en parle’.
Pourquoi était-ce si important ?
Je voulais sensibiliser sur ces sujets et surtout éviter que ça arrive à d’autres personnes. Je voulais montrer aux gens que n’importe qui peut être chassé de chez ses parents ou se retrouver à la rue un jour. Et si mon message a engendré des choses positives, que des personnes ont fait leur coming-out ou assument plus facilement leur couleur de peau ou que d’autres ont fait le nécessaire pour sortir de la rue, c’est déjà une petite victoire. Si ça change quelque chose que je parle, je le ferai tous les jours.
Quelle est la prochaine étape de The Voice pour vous ?
On me verra bientôt dans les “Battles”. Je peux simplement vous dire qu’il va y avoir des prestations de dingue et que je suis personnellement très content de ma performance.