SÉCURITÉ – Les agents craignent que la crise sociale et économique n’entraîne d’autres accès de violence. Pôle emploi va donc “renforcer la sécurité” de ses agences et de ses conseillers, a indiqué ce mercredi 3 février la direction, une semaine après le drame qui a frappé l’opérateur public à Valence avec le meurtre d’une conseillère.
L’opérateur public a recensé “un peu plus de 9.000 signalements” d’agressions ou incivilités en 2020, année “atypique” du fait de la crise sanitaire en raison notamment des confinements. C’est moins qu’en 2019 où le chiffre était de 10.000.
Parmi les signalements, moins de 7% concernent des menaces verbales graves et moins de 1% des actes de violence physique, le reste pouvant être des écarts verbaux ou impolitesses. L’ensemble des signalements représente 0,2% des visites (6,3 millions) en agence et moins de 0,05% des appels téléphoniques (19 millions), a souligné la direction, précisant que ces faits ont débouché sur 233 plaintes en 2020.
“Le drame de Valence va nous conduire à renforcer nos travaux pour assurer encore plus la sécurité”, a déclaré Paul Bazin, directeur général adjoint lors d’un point presse téléphonique, à l’issue d’un comité social et économique central (CSEC), consacré à la tragédie. Il a aussitôt souligné que “rien n’aurait permis d’anticiper et encore moins d’empêcher” le drame, lorsqu’un ingénieur sans emploi de 45 ans a froidement abattu une conseillère jeudi, suscitant l’“effroi” parmi les quelque 55.000 agents.
Le drame a toutefois mis en lumière les conditions parfois difficiles auxquelles sont exposés les agents au quotidien. “On est souvent victimes d’agressions verbales, d’incivilité, mais rarement de violence comme ça. Tout le monde est bouleversé évidemment”, avait expliqué au HuffPost, Laurent Mérique, du SNAP, le syndicat national du personnel de Pôle Emploi.
Certaines agences sont identifiées en France comment étant parfois exposées à de la violence mais ce n’était pas le cas de Valence. Le renfort sécuritaire paraît donc comme une réponse immédiate, avait lui souligné David Vallaperta, élu CFDT, “ne serait-ce que pour rassurer les salariés”, a-t-il poursuivi.
La formation renforcée
La politique de suivi des signalements d’incidents sera donc renforcée et simplifiée et le dépôt de plaintes sera appuyé plus systématiquement, a promis mercredi le directeur général adjoint de Pôle emploi, Paul Bazin, évoquant aussi un renforcement de la formation des managers et conseillers ou encore une accélération des diagnostics de sûreté des agences réalisés par les forces de l’ordre.
La direction a rappelé les mesures de sécurité déjà en place, citant la formation de près de 10.000 agents à la gestion des tensions, la présence de boutons sur chaque ordinateur pour alerter en cas de problème, ou encore le système de fiches de signalement pour gérer les situations d’agression. Des demandeurs d’emploi peuvent aussi se voir interdire d’agence.
Soutien psychologique
Après le drame, un soutien psychologique avait été aussitôt proposé aux agents et le lendemain, les quelques 900 agences Pôle emploi étaient restées fermées. Du côté des syndicats, David Vallaperta (CFDT) a jugé que les mesures annoncées visant à renforcer la sécurité allaient “plutôt dans le bon sens”, saluant notamment le fait de revoir le fonctionnement du système de signalement interne. Mais le représentant du premier syndicat de l’opérateur a ajouté avoir alerté la direction sur le besoin d’un travail d’accompagnement des agents car un sentiment de peur s’est “incrusté”.
“Rassurer les agents et prendre des mesures de sécurité, oui, mais il faut analyser les causes de la montée des tensions”, a estimé de son côté Sébastien Socias (FO), évoquant des “problèmes liés à l’indemnisation des demandeurs d’emploi”. Il a fait part d’une montée “non négligeable” des signalements depuis le drame via une sorte “d’effet boule de neige” et mis en garde contre le risque que faute d’analyse “les mêmes conséquences” se reproduisent.
“C’est insuffisant”, a affirmé pour le SNU, Michel Breuvart plaidant notamment pour des réponses fortes pour mettre un terme aux insultes subies par les agents sur les réseaux sociaux.
Le meurtrier transféré à l’hôpital psychiatrique
Quant à Gabriel Fortin, meurtrier présumé de l’employée de Pôle Emploi et de deux de ses anciennes DRH, il a été transféré mercredi à l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron, près de Lyon, a-t-on appris auprès du procureur de Valence.
L’homme de 45 ans a été hospitalisé d’office vers cette unité spécialisée à Lyon sur décision préfectorale, a précisé la préfecture de la Drôme, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
L’établissement pénitentiaire dans lequel il était détenu a sollicité la préfecture au vu “d’éléments qui faisaient penser qu’il pouvait être un danger pour lui-même”, a ajouté la même source.
Le procureur de Valence Alex Perrin a ajouté à l’AFP que Gabriel Fortin, qui était resté mutique durant sa garde à vue, n’avait pas été réentendu par le juge d’instruction depuis sa mise en examen samedi pour “assassinats”.
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