Au deuxième tour, le choix de la vie contre la haine
En dissolvant l’Assemblée nationale au soir du 9 juin et en convoquant les Français aux urnes, Emmanuel Macron affirmait vouloir provoquer une « clarification ». De ce point de vue, il est servi par les résultats du premier tour : avec 33 % des voix pour le Rassemblement national, 28 % pour le Nouveau Front populaire et à peine 21 % pour Ensemble (l’étiquette de l’ex-majorité présidentielle), les électeurs lui ont signifié « clairement » leur volonté de l’oublier à l’Elysée jusqu’en 2027.
A vrai dire, rien d’étonnant à cela tant il a passé son mandat à faire prospérer l’extrême droite, ses idées, ses fantasmes, ses haines, en espérant qu’un tel épouvantail lui assurerait la pérennité au plus haut de l’Etat. Désormais il est comme un enfant qui a cassé son jouet. Il est le vaincu de ce premier tour.
Le macronisme éliminé, et Macron neutralisé à l’Elysée, une autre élection aura lieu le 7 juillet. Elle a pour enjeu de permettre ou non à Jordan Bardella et ses ralliés d’exercer ou non la plénitude des énormes pouvoirs que la Constitution de la Vème République confère au gouvernement lorsqu’il dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
La newsletter d’Alternatives Économiques
Chaque dimanche à 17h, notre décryptage de l’actualité de la semaine
Incarner la résistance
La très courte campagne qui s’annonce ne ressemblera pas à la précédente : on n’y parlera malheureusement pas d’inégalités, de justice sociale, de défense de l’environnement mais d’immigration, de sécurité et d’identité.
L’extrême droite fera tout pour empêcher les échanges d’arguments rationnels au profit de la confrontation des affects et des frustrations décrits par l’historien Pierre Rosanvallon, ou pour parler moins savamment, le déchaînement de la haine contre les immigrés et leurs descendants à laquelle Jordan Bardella et ses séides ont fait clairement appel en ciblant les « double nationaux » la semaine dernière.
La haine ou la vie. C’est ce choix simple qu’ont à faire en premier lieu les candidats de l’ex-majorité arrivés en troisième position dans de possibles triangulaires
A ce déchaînement des passions tristes, il faudra au Nouveau Front populaire, seule force organisée restant en lice, opposer l’ouverture, la tolérance, l’humanisme, la raison, voire la tendresse comme le demande François Ruffin depuis le front de la Somme.
La haine ou la vie. C’est ce choix simple qu’ont à faire en premier lieu les candidats de l’ex-majorité arrivés en troisième position dans de possibles triangulaires. Se retirer, c’est prendre le risque de la démocratie. Se maintenir au nom de principes de raccroc ne masquera pas la réalité : ce ne sera rien d’autre qu’aider l’extrême droite à parvenir au pouvoir.
De son côté, la gauche unie est mise au défi de représenter plus qu’elle-même : les partis qui la composent doivent déjà dépasser une alliance créée il y a moins de deux semaines. Le Nouveau Front populaire avait su créer l’espoir. Il lui faut dorénavant incarner la résistance. Pour les six jours à venir, bien sûr et sans doute pour une longue période. Car il ne faut pas s’illusionner : quoi qu’il en soit, les 10 millions de voix qui se sont portées sur l’extrême droite ne s’envoleront pas toutes seules.
Un long combat politique, intellectuel, culturel, s’engage pour regagner les esprits. Et il commence maintenant.
Laisser un commentaire