Le grand hall de la gare londonienne de King’s Cross n’accueillait mardi matin qu’un public clairsemé, à la place de l’habituelle cohue des heures de pointe.
Seuls quelques voyageurs guettaient çà et là les panneaux d’affichages, à l’affût d’informations sur les quelques trains en circulation. Des voyageurs qui se montraient majoritairement compréhensifs envers la grève des cheminots.
Des ambiances désertiques à Londron Bridge ou dans d’autres stations et gares du pays, comme vous pouvez le voir dans les tweets ci-dessous.
“Je dois voyager partout dans le pays pour mon travail. Alors aujourd’hui, je dois aller à Leeds (nord). Il n’y a pas autant de trains que d’ordinaire, mais j’ai réussi à m’arranger”, a expliqué à l’AFP Jim Stevens, 40 ans, photographe commercial.
Etonné du calme de la gare, il estime que les gens ont suivi les consignes du TfL, l’opérateur des transports publics de Londres, et sont restés travailler chez eux autant que possible, “ou alors ont pris leur vélo”, leur voiture ou le bus.
Après l’échec de négociations de la dernière heure, les parties campaient sur leurs positions mardi. Le ministre des Transports Grant Shapps a encore parlé sur la chaîne Sky News d’un débrayage “inutile”. “Nous devrons faire ces réformes quoiqu’il arrive”, a-t-il affirmé.
Le syndicat RMT avait prévenu début juin que plus de 50.000 employés des chemins de fer allaient cesser le travail “lors du plus gros conflit sectoriel depuis 1989” et les grandes privatisations du secteur, réclamant notamment des hausses salariales en phase avec l’inflation galopante.
“Bazar créé par le gouvernement”
Outre les salaires, RMT dénonce la dégradation des conditions de travail et “des milliers de licenciements” prévus, selon lui, par la myriade de compagnies privées qui composent le secteur ferroviaire au Royaume-Uni.
Grant Shapps fait, lui, valoir qu’il y a une offre salariale “sur la table” – insuffisante pour le RMT – et que les “suppressions de postes sont dans l’ensemble volontaires”.
Le ministre dit envisager à l’avenir “des protections” pour les usagers des transports en commun, comme par exemple “un service minimum” ou le remplacement des grévistes, notamment par des intérimaires.
Le secrétaire général du RMT, Mike Lynch, a rétorqué que “ce bazar a été créé par Grant Shapps et la politique du gouvernement”.
Mardi sera la plus grosse journée de mobilisation, car les employés du métro de Londres sont eux aussi appelés à débrayer. La grève se poursuivra jeudi et samedi, mais les perturbations se feront sentir tous les jours jusqu’à dimanche, a prévenu TfL.
Pour les Britanniques, cela viendra s’ajouter au chaos dans les aéroports ces dernières semaines, marqué par des files d’attente à rallonge et des annulations de vols par centaines, alors que le secteur peine à recruter face à la reprise de la demande après la levée des restrictions sanitaires.
Une grève qui menace de s’étendre
Le gouvernement doit se réunir mardi. Depuis la semaine dernière, l’exécutif répète que cette grève va nuire aux innombrables Britanniques empêchés de se rendre à leur travail ou à des rendez-vous médicaux, et peser sur les comptes des PME déjà malmenées par le Covid-19.
Ce débrayage menace aussi de perturber de grands événements sportifs et culturels, comme le festival de musique de Glastonbury (sud-ouest de l’Angleterre), un concert des Rolling Stones à Londres samedi et les examens de fin d’études de certains lycéens.
Le gouvernement estime que les syndicats se tirent une balle dans le pied alors que le secteur ferroviaire, qui a bénéficié de 16 milliards de livres de subventions pour l’aider face à la chute des recettes pendant la pandémie, risque de voir le nombre de passagers reculer durablement avec le développement du télétravail.
La grève pourrait s’étendre à d’autres modes de transports ou d’autres secteurs, comme l’enseignement, la santé, la poste. Certains avocats ont déjà voté en faveur d’un débrayage dès la semaine prochaine, en conflit avec le gouvernement sur le montant de l’aide juridictionnelle.
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