Au téléphone, Macron appelle Erdogan à la désescalade en Méditerranée
Dans un entretien téléphonique, Emmanuel Macron “a appelé la Turquie à respecter pleinement la souveraineté des États membres de l’Union européenne ainsi que le droit international, à s’abstenir de toute nouvelle action unilatérale de nature à provoquer des tensions, et à s’engager sans ambiguïté dans la construction d’un espace de paix et de coopération en Méditerranée”, selon la présidence française.
De son côté, la présidence turque a dit que le président Erdogan a fait savoir qu’“il attendait de la France du bon sens et une attitude constructive dans ce processus”, a annoncé la présidence turque, alors que la Turquie et la Grèce viennent de se dire prêtes à entamer des négociations. Paris a apporté son soutien à Athènes dans cette crise.
Le président français a aussi “appelé à ce qu’un dialogue similaire dans le même esprit soit accepté par la Turquie avec la République de Chypre”, selon l’Élysée.
Les relations entre les deux pays sont dégradées à cause des tensions en Méditerranée orientale où la France s’est impliquée en faveur de la Grèce et Chypre, mais aussi à cause de la crise libyenne où la Turquie parraine un des partis belligérants et est accusée par Paris de ne pas respecter l’embargo international sur les armes.
Le président français “a également appelé la Turquie à respecter pleinement l’embargo sur les armes en Libye dans le cadre défini par les Nations unies, ainsi que les intérêts de sécurité de ses alliés en Syrie”.
“Les deux chefs de l’État ont décidé de poursuivre leur dialogue régulier sur ces sujets à leur niveau ainsi qu’au niveau ministériel”, selon le communiqué de l’Élysée.
Un premier pas vers l’apaisement en Méditerranée
Après des semaines de tensions exacerbées par des manœuvres militaires rivales, la Turquie et la Grèce se sont dites prêtes à entamer des négociations dans la crise qui les oppose à propos de gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, dans une zone qu’Athènes estime relever de sa souveraineté et que la Turquie conteste.
Le dernier round de “pourparlers exploratoires” visant à régler leurs différends en Méditerranée orientale avait eu lieu en 2016.
Recep Tayip Erdogan a affirmé lors de la réunion que “l’élan visant à faire baisser les tensions et à exploiter les canaux de dialogue doit être appuyé par des mesures réciproques”, selon la même source. À Athènes, le ministère des Affaires étrangères grec a indiqué que les pourparlers programmés auraient lieu “bientôt” à Istanbul sans préciser à quelle date.
La crise est au programme d’un sommet européen qui devait se tenir les 24 et 25 septembre à Bruxelles avant d’être reporté à début octobre, plusieurs pays, notamment la France – brandissant la menace de sanctions contre la Turquie.
Le chef d’État turc a adopté un ton plus conciliant dans son discours devant l’Assemblée générale annuelle de l’ONU lors duquel il a appelé à un “dialogue sincère” pour résoudre le conflit avec la Grèce et l’Union européenne en Méditerranée, tout en rejetant tout “harcèlement” visant la Turquie.
“Notre priorité est de résoudre les conflits par un dialogue sincère, fondé sur le droit international et une base équitable”, a déclaré le chef de l’État turc qui parlait par visioconférence.
“Cependant, je veux clairement affirmer que nous n’allons jamais tolérer aucun diktat, harcèlement ou attaque”, a-t-il ajouté.
Il a proposé l’organisation d’une conférence régionale pour discuter “des droits et des intérêts” des pays riverains de la Méditerranée orientale, comprenant aussi l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN).
Pour “donner une opportunité à la diplomatie”, Ankara avait rappelé au port le 13 septembre le navire de recherche, l’Oruç Reis, dont le déploiement en Méditerranée orientale avait porté la tension à son comble.
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