JEUDI 17 SEPTEMBRE à 20h, projection en présence de François BÉGAUDEAU. En partenariat avec la librairie LE GARIN DES MOTS, qui nous concoctera une sélection de livres. Préventes à la caisse d’Utopia à partir du 9 septembre (programmation du film à partir du 30 septembre)
François BÉGAUDEAU – documentaire France 2019 1h52mn – avec un homme des bois, un magnétiseur, des nonnes et plein de gens qui ont décidé de vivre à leur rythme au cœur de la Mayenne…
Du 17/09/20 au 13/10/20
L’homme est imprévisible et prolixe, génialement touche-à-tout, et fait partie de ces gens qui pourraient être énervants en la ramenant sur tous les sujets. Sauf qu’il est toujours pertinent quand il l’ouvre, non sans glisser une bonne dose d’auto-ironie. Ancien prof de français des quartiers populaires, il s’est fait connaître du grand public grâce à Entre les murs, roman autobiographique inspiré de son expérience d’enseignant, adapté au cinéma par Laurent Cantet. Mais notre homme, qui se déclare marxiste libertaire, a été aussi chanteur punk et fan du FC Nantes et continue à se passionner pour le foot, tout en étant critique de cinéma, écrivain, cinéaste au sein d’un collectif indépendant, régulier commentateur de l’actualité sociale et politique, notamment dans son Histoire de ta bêtise où il s’adresse violemment à un électeur fictif de Macron. Enfin bon, François Bégaudeau peut agacer, et ses détracteurs aiment le caricaturer en intello médiatique parisien.
Eh bien voilà un nouveau dossier qui n’arrangera pas leurs affaires puisque le ci-devant intello parisien – qui rappelons le est originaire de Luçon, ville vendéenne célèbre pour son cardinal ennemi des Mousquetaires – s’est plongé corps et âme dans un département voisin de sa ville natale et dont généralement tout le monde se fout : la Mayenne. C’est d’ailleurs probablement parce que tout le monde s’en fout qu’une partie des protagonistes d’Autonomes se sont installés dans ce bocage qui n’a rien de remarquable mais qui a l’infini mérite d’être à l’abri des regards de la France des médias. Concrètement François Bégaudeau s’est intéressé à des gens qui, non par totale contrainte (car bien sûr y a aussi des jeunes chômeurs qui s’exilent dans ces campagnes par incapacité de financer un logement dans les grands centres urbains) mais par choix, ont posé ici leurs valises afin de tendre vers une forme d’autonomie et faire un pas de côté dans notre société capitaliste et consumériste. Vous me direz, des films bisounours et positifs sur des gens formidables, tous plus sympathiques les uns que les autres et qui mènent des alternatives, il y en a eu pléthore, des films aussi émoustillants qu’une leçon de catéchisme. Mais ce qui fait le truc passionnant de l’essai documentaire de François Bégaudeau, c’est qu’en bon poil-à-gratter qui se respecte, il introduit, à côté d’alternatives politiques tout à fait passionnantes aux yeux des spectateurs de gauche que vous êtes, des gens plus habités par des démarches spirituelles, rappelant que dans ces terroirs de l’Ouest, religion et sorcellerie faisaient bon ménage. Alors il y a des religieuses qui s’interrogent sur le sens de leur travail manuel, un magnétiseur poupon qui soigne les bêtes de ferme par des gestes mystérieux, un adepte chamanique des tentes de sudation et un homme des bois vraiment très très étrange. Interrogeant ainsi notre degré de tolérance de spectateur ayant lui aussi ses préjugés… Le cinéma et l’art sont justement là pour ça !Source
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