Avant le 2e tour de la présidentielle, pourquoi a-t-on tant de mal à choisir quand on n’a pas son candidat – BLOG
L’espoir s’est écroulé pour les personnes ayant voté pour un candidat autre que les deux finalistes. Plus ces personnes y ont cru, plus elles étaient engagées et plus la désillusion est pénible.
En découle également le sentiment d’une position difficile. Pour elles, l’abstention n’est souvent pas un recours. Apparait alors l’inconfort de l’incertitude. Il faut du recul pour choisir le meilleur bulletin à mettre dans l’urne dans une semaine. Ce vote sera par définition un choix par défaut. Le moins pire ou le meilleur?
Le délai de 2 semaines avant le 2 tour a permis de digérer la déconvenue
Voilà pourquoi la déception est toujours si vive à 20h devant les estimations des résultats.
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Il faut “redescendre sur terre” et renoncer à des projections idéales. Après avoir construit des projets durant des semaines voire des mois -surtout quand on y a beaucoup œuvré pour les rendre réels- passer à autre chose demande un gros effort. Le verdict des urnes est sans appel et c’est très dur à encaisser. Un deuil s’abat sur le sujet : il doit renoncer. Cet état d’âme va passer. On le sait bien. Et cette certitude est encore plus pénible. La période d’effervescence sera alors vraiment terminée.
Un entre 2 tours entre 2 eaux
Lequel des 2 finalistes paraît la meilleure personne pour présider la France?
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«Le choix du bulletin de vote ne fait pas forcément sauter de joie mais il ne doit pas faire honte.»
Nous avons vu la première phase de frustration d’un 2 tour sans son candidat. Maintenant abordons comment ne pas basculer dans un « rien », comment « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain » quand le « tout » ne s’est pas produit.
Le rapport à l’idéal est singulier, en fonction de son histoire personnelle. La détermination dépend plus de la personnalité de chacun que de la force des convictions. Ainsi rebondir dans les engagements est plus aisé pour les personnes situant un idéal comme horizon que pour les autres. L’horizon, on marche dans sa direction et ne pas l’atteindre est intégré.
Un deuil en accéléré
Sans trahir ses principes, le choix du candidat offrant des valeurs qui ne sont pas à l’opposé des siennes sur les grands sujets de démocratie et de choix de société oriente l’évolution du vote au 2 tour. La question “Avec quelle personne et quel programme l’incompatibilité est la plus totale?” sert a minima de guide de choix. Le rejet de l’une des options de société présentée par l’une des candidatures produit la conclusion. Ce sera le choix par défaut du candidat restant. Alors on y voit plus clair.
Choisir n’a pas toujours pour synonyme aimer
Le vote n’est pas un simple vote d’adhésion mais une direction vers laquelle aller
Nous savons que se rabattre sur un 2 choix est moins enthousiasmant que lors du 1 choix. Nous savons aussi que dans notre démocratie des contre-pouvoirs existent. Les associations par exemple font avancer la société. S’y investir peut être une conséquence pour refuser la passivité suite à une élection où l’on élit un président qui n’est pas le candidat préféré. Il y a bien sûr les élections législatives qui vont suivre. Ce nouvel investissement permet de peser pour orienter la vie politique des prochaines années. Tout n’est donc pas plié au soir du 2 tour d’une présidentielle dans notre démocratie. L’avenir est toujours devant.
Une bataille perdue ne signifie pas la fin de tout
Ceci est extrêmement important. Il ne faut pas confondre l’étape et le voyage. La vie collective n’est pas terminée au soir d’une élection. Les grands thèmes de la campagne ont révélé des sujets qui font frémir certains et ont passé sous silence d’autres thèmes qui au contraire motivent d’autres personnes.
Se mobiliser est donc une réponse possible après une élection. Il y a des formes très différentes qui vont du boycott d’une marque, à la manifestation. Des formes très bruyantes et d’autres plus souterraines. Certaines mobilisations sont enracinées localement et sur du long terme quand d’autres sont sporadiques, comme des pétitions en ligne.
La peur a été sollicitée parce que c’est un invariant de la psyché humaine. En amplifiant le danger, la peur devient phobie. Ce mécanisme rend faible et vulnérable. En éducation, on évite d’actionner ce levier qui paralyse. Repérer dans les discours politiques cette manipulation rend plus libres les citoyens. Les préjugés ne soignent pas. Mais ils se guérissent.
Faire sortir de soi sa propre vérité pour guider ses choix est aussi l’enjeu d’un vote de 2 tour d’élections présidentielles
La psychanalyse n’a jamais été autorisée dans les dictatures. La psychanalyse est une éthique de la subjectivité, elle est antinomique des gouvernements autoritaires. Décaler les questionnements est le cœur de mon métier qui libère des processus issus des prédéterminations. Nous constatons que parler politique en famille, évoquer les sujets de société durant l’enfance produit un modèle et une confiance dans le fait que l’on pèse dans le monde et ce pas seulement le jour d’un vote pour déléguer à quelqu’un ce pouvoir de gérer nos vies.
Une voix est égale à une autre voix: liberté, égalité, fraternité
Une semaine avant le 2 tour, c’est suffisant et je propose de retenir quelques clés:
- Prendre conscience que voter n’est pas aimer;
- Réaliser que le 2 tour est le 1 jour d’une autre mobilisation;
- Définir quelle sera la 1 action de mon engagement ultérieur.
Pour conclure, l’égalité dans le vote est à rappeler une voix est égale à une autre. Chaque voix compte. L’espoir est donc toujours vivant.
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