En cause, selon les éléments avancés jusqu’à présent par les officiels libanais: un stock de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium, un corps chimique dangereux et hautement explosif, incriminé dans plusieurs catastrophes majeures depuis le début du siècle. Un produit dont les autorités savaient pertinemment qu’il était stocké là, et ce depuis des années.
Comme le rapporte ce mercredi L’Orient-Le Jour, le grand quotidien libanais en langue française, les services des douanes réclamaient effectivement depuis des années que ces 2.700 tonnes de matières explosives soient ré-exportées pour éviter de les conserver dans un entrepôt du port, situé en plein milieu de la capitale.
Des produits arrivés à bord d’un navire victime d’avaries
“Nous avons alerté la justice à six reprises, entre 2014 et jusqu’à récemment, sur la nécessité de ré-exporter cette marchandise hors du pays, mais la justice ne nous a pas écoutés”, s’insurge auprès de nos confrères Badri Daher, le directeur général des douanes libanaises.
En effet, le nitrate d’ammonium était entreposé dans le port de Beyrouth depuis 2014. À l’époque, c’est la justice qui avait ordonné ce placement, le produit -qui se présente sous forme de poudre blanche inodore- se trouvant à bord d’un navire moldave victime d’avaries.
Un bateau qui n’avait pas obtenu le droit de repartir et qui avait finalement été abandonné là par ses propriétaires. “En raison des risques liés au maintien du nitrate d’ammonium à bord du navire, les autorités portuaires ont déchargé la cargaison dans les entrepôts du port”, explique L’Orient-Le Jour.
Des responsables surveillés par la justice
Cela faisait donc six ans que ces produits explosifs étaient stockés dans le port, dans le hangar 12 précisément. Et selon Badri Daher, ce pourraient être des travaux de rénovation menés sous l’égide des autorités portuaires qui auraient mis le feu et déclenché les explosions meurtrières. “Je ne veux accuser personne, car il y a une enquête judiciaire en cours. Mais chaque carton qui est entreposé dans le port de Beyrouth relève de la responsabilité de la direction de ce port”, ajoute le directeur des douanes.
Depuis cette intervention, la direction du port de Beyrouth et les différents acteurs se rejettent la faute quant à savoir qui aurait dû mettre en sûreté le nitrate d’ammonium. Les travaux de rénovation ordonnés pour colmater une brèche dans le hangar ainsi que les différents documents ayant trait au stockage des matières explosives seront en tout cas étudiés de près par la justice, qui cherche à comprendre ce qu’il a pu se passer. Pour l’heure, tous les responsables pouvant avoir joué un rôle et éventuellement failli dans leur mission sont placés sous la surveillance de la justice.
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