Bruno Le Maire jurait qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts. Et pourtant…
POLITIQUE – Une promesse difficile à tenir. “On ne prend pas dans la poche des Français ce qu’on vient de leur donner d’une autre main”, déclarait Bruno Le Maire pour la énième fois en septembre 2018 face à un Jacques Bourdin dubitatif. Et le “Quoi qu’il en coûte”, annoncé par Emmanuel Macron en mars au début de la crise sanitaire et économique, ne fera pas infléchir la politique fiscale du gouvernement à en croire les déclarations successives du ministre de l’Économie et des Finances.
Mais l’engagement maintes fois déclamé depuis 2018 qu”’il y aura pas d’augmentation d’impôts” et “pas de nouvelle taxe” durant le quinquennat est-il véritablement respecté? Pas si sûr, comme le montre la vidéo en tête d’article.
“Coup de com’” sur la taxe SUV
Sur proposition du gouvernement, l’Assemblée a adopté ce vendredi 13 novembre une nouvelle taxe affectant principalement l’achat de véhicules de type SUV. “L’idée est d’envoyer un signal pour arrêter cette frénésie du véhicule lourd”, a expliqué Barbara Pompili aux députés. La ministre de la Transition écologique a donc remporté l’arbitrage, du moins symboliquement, face à son collègue Bruno Le Maire qui s’opposait mordicus à une mesure grevant “le pouvoir d’achat des Français”. Mais ce “malus au poids” pour les voitures pesant plus de 1,8 tonne, inspiré par une proposition de La Convention citoyenne sur le climat demandant l’instauration d’une taxe sur les véhicules d’un poids supérieur à 1,4 tonne, s’attire les critiques de toutes parts.
Le président de la commission des Finances, Éric Woerth (LR), a accusé le gouvernement de vouloir “tuer” l’industrie automobile tandis que la cheffe des députés socialistes, Valérie Rabault (PS), a dénoncé un coup de com’ gouvernemental. “Sur les 10 SUV les plus vendus en 2019, il n’y en a aucun sauf un qui fait plus de 1800 kilos donc on ne touche personne. Vous faites de la com’”, a-t-elle raillé. “Le principe est le bon” mais “symbolique”, a commenté Pierre Cannet du WWF France, demandant un réajustement “vers un malus progressif “dès 1,3 tonne.
“Tant que je serai ministre, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts en France”, disait encore Bruno Le Maire le 4 septembre 2020 sur BFMTV. “La fameuse taxe Chirac, on l’a augmentée !” rappelait pourtant Barbara Pompili tout sourire quelques jours plus tard à propos de la fiscalité sur les billets d’avion. Une ”éco-contribution” sur le transport aérien s’applique en effet depuis le 1er janvier 2020, allant de 1,5 à 18 euros par billet selon la classe (éco ou affaires) et la distance parcourue.
“Pas de nouvel impôt, pas de nouvelle taxe”, promettait également le ministre de l’Économie en juin au micro de France Info. Outre l’instauration d’une nouvelle taxe sur les véhicules lourds votée ce vendredi, le gouvernement envisage selon RTL de créer une ”éco-contribution” de 3% sur la vente de jouets à partir de 2022 afin de financer leur recyclage. De son côté, BFM Business soulignait mi-octobre la persistance d’un ”écart entre la revalorisation du barème sur le revenu et l’inflation” pénalisant le contribuable et s’inquiétait aussi de la hausse annoncée du malus écologique sur le CO2, une taxe payée lors de l’immatriculation des véhicules les plus polluants.
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