Carlos Ghosn dénonce un « coup monté » après son mandat d’arrêt international
“Je suis persuadé que le dossier au Japon, qui est à l’origine de tous mes problèmes est éminemment politique. Les personnes qui ont entrepris ce que j’appelle un ‘coup monté’ ont obtenu leurs objectifs”, a dénoncé Carlos Ghosn au cours d’un entretien accordé à C à Vous.
D’après lui, leur objectif était de “diminuer, voire éliminer l’influence de Renault dans l’alliance, qui est devenue un zombie, un mort-vivant, puisqu’il n’y a pratiquement plus de projets qui se font ensemble”, constate l’homme d’affaires qui est contraint de vivre au Liban. Le pays interdit l’extradition de ses ressortissants et oblige actuellement Carlos Ghosn à rester à Beyrouth.
« Je suis persuadé que le dossier au Japon, qui est à l’origine de tous mes problèmes, est un coup politique. »
🔴 Carlos Ghosn, ancien patron de l’alliance Renault Nissan est visé par un mandat d’arrêt international. Il s’explique dans la Story de @MohamedBouhafsi ⬇️#CàVouspic.twitter.com/Z4grI1pic8— C à vous (@cavousf5) April 22, 2022
Sur BFMTV, Carlos Ghosn a également reconnu un “timing surprenant” pour ce mandat d’arrêt, mais ajoute qu’il n’a “aucun regret de ne pas être resté au Japon”.
Il regrette par ailleurs la position du gouvernement français qui dit “faire confiance à la justice japonaise, malgré l’ensemble des faits qui démontrent qu’elle n’est pas du tout fiable”. Des déclarations de la part de membres du gouvernement que le Franco-Libano-Brésilien de 68 ans trouve “particulièrement blessantes”.
“Il n’y a eu absolument aucun détournement, tous les montants qui ont été payés à ce distributeur sont basés sur des contrats confirmés, des performances qui se sont révélées, des demandes faites par les responsables commerciaux de Renault et Nissan”, a ensuite affirmé l’homme d’affaires au micro de BFMTV.
“Pas un sou de Renault ni de Nissan ne m’a été indûment donné, directement ou indirectement (…) S’il y avait des preuves, elles auraient déjà fuité dans la presse” a -t-il ajouté, démentant également avoir ”été rémunéré par le distributeur d’Oman en (sa) qualification de patron de Renault et de Nissan”.
Un mandat “surprenant” selon son avocat
“On a l’air de considérer que je suis libre (…) Je dépends de la justice libanaise, c’est elle qui m’interdit de quitter le territoire”, a rappelé l’ancien grand patron sur BFMTV, qui espère “pouvoir un jour venir France” et “qu’une bonne coopération entre la France et le Liban finira par mettre fin à ce cauchemar”.
Son avocat, Jean Tamalet, a de son côté déclaré à la BBC qu’il avait du mal à comprendre la raison de ce mandat d’arrêt délivré. “M. Ghosn n’est pas mis en examen. Ce mandat est donc surprenant car le juge d’instruction et le procureur de Nanterre savent parfaitement que Carlos Ghosn, qui a toujours coopéré avec la justice française, fait l’objet d’une interdiction judiciaire quitter le territoire libanais”, indique son avocat. “Nous pensons que cette décision est le seul recours technique qu’ils ont trouvé pour pouvoir juger l’affaire devant un tribunal”, a-t-il ajouté.
Alors qu’il devait être jugé à Tokyo pour des malversations financières, Carlos Ghosn avait choisi de quitter le Japon au cours d’une fuite rocambolesque caché dans un caisson de matériel audio, en décembre 2019.
Le mandat délivré ce jeudi est donc un message fort envoyé aux autorités libanaises. S’il est exécuté, l’ex-PDG sera présenté à un juge d’instruction qui lui notifiera alors sa mise en examen.
Dans le viseur de la justice: près de 15 millions d’euros de paiements considérés comme suspects entre RNBV, filiale néerlandaise incarnant l’alliance Renault-Nissan, et le distributeur du constructeur automobile français à Oman, Suhail Bahwan Automobiles (SBA). Outre celui visant Carlos Ghosn, le juge d’instruction en charge de l’enquête a aussi délivré quatre mandats d’arrêt internationaux contre le fondateur de SBA, ses deux fils et l’ancien directeur général, selon deux sources proches du dossier. La justice leur reproche des faits de blanchiment ou de corruption.
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