Mais d’où vient cette putain de foncedalle ? Pour faire court, notre cerveau produit ses propres cannabinoïdes, des lipides qui contribuent à contrôler notre appétit, notre humeur, notre mémoire. Le THC s’accroche en fait aux récepteurs cannabinoïdes de notre cerveau, imitant les mêmes substances chimiques. Des chercheur·ses ont remarqué qu’en fumant un joint ou en mangeant un edible, au lieu de produire la substance chimique qui signale que vous êtes rassasié·e, les neurones commencent soudainement à dire à votre cerveau que vous avez faim.
Néanmoins, j’ai l’impression que si ce mood force à une inventivité monstre côté cuisine, il n’en résulte pas forcément un rendu de qualité. Tiens, par exemple, hier j’ai coupé des poivrons et des courgettes que j’ai mis dans un wok sale que mon coloc avait utilisé juste avant pour cuisiner du poulpe. Je me suis dit que j’allais profiter des senteurs et des arômes déjà cuisinées pour spice up mon plat fade. Puis j’ai eu un éclair de génie : j’ai incorporé du poisson pané sous les légumes pour les faire cuire plus vite et rajouter une cohérence marine et iodée. C’était (assez) bon. Mais je repense aussi à ce jour où j’avais mangé un space cake particulièrement fort : en rentrant chez moi, tout désorienté, je me suis fait des croquettes de fromage. À l’époque, j’habitais dans un petit appart étudiant et j’avais qu’un mini-four. J’ai foutu le thermostat à 200°C sans regarder les instructions. 15 minutes plus tard et une défonce de l’extrême, je sors les croquettes du four, monte dans ma chambre, prépare une série pour m’endormir et croque dans ma première croquette. Elle était froide. Elles se cuisaient uniquement à la friteuse. Après avoir réfléchi quelques secondes, j’en ai mangé trois de plus histoire de pas trop perdre la face et je me suis endormi avec le bide en vrac.
Pour me rassurer un peu, j’ai essayé de voir si vous aviez autant d’imagination que moi dans ce domaine. Et j’ai pas été déçu.
Claire (20 ans), la charrue avant la beuh
Les nouilles ramen c’est le meilleur snack en termes de rentabilité (50 centimes !!!). C’est genre les nouilles de la marque « Yumyum », goût crevettes. Je me nourris exclusivement de ça quand je suis défoncée. Mais je les mange crues, comme ça, même pas besoin de mettre de l’eau à chauffer. Il suffit de broyer les nouilles sans ouvrir le sachet (ça fait beaucoup de bruit, mes colocs me détestent quand on est en train de regarder un film). Après, t’ouvres le sachet et tu manges à la cuillère. À chaque fois, j’ai l’impression que ma bouche va mourir tellement c’est acide et épicé. Mais c’est trop bon, je recommande.
Yamina (25 ans), stratège
Je me réserve souvent la fin du repas que je mangeais avant de fumer mon pet’, mais froid. Du coup, maintenant j’ai développé une tolérance aux pâtes bolognaise froides ou aux moitiés de sandwiches kefta tièdes.
Shaïne (26 ans), l’umami de la fum’
Tout ! Mais il faut essentiellement qu’il y ait du salé et du sucré ! Du praliné à la craquotte au tarama, puis on repart sur de l’acide avec des bonbons… On répète. Les fins de mois sont beaucoup plus inventives : on vide les placards et on invente ! J’adore, mais faut que j’arrête, j’ai plus 16 ans.
Anne (24 ans), <3
Mon mec.
Quentin (32 ans), chaque chose en son temps
En règle générale, j’ai une première étape chocolatée. Ensuite je fais plutôt du snack, et si c’est vraiment une longue nuit de fumette je finis par décongeler des cordons bleus et des pommes noisettes.
Léo (23 ans), 5 fruits et joints par jour
Ce que je préfère manger après avoir fumé, ce sont des fruits… Étonnant ? Je sais pas, en tous cas c’est une habitude que j’ai prise. Avant je mangeais beaucoup de sucreries, puis un jour je me suis dis après avoir mangé une clémentine : « Putain, c’est vachement bon » et depuis je mange beaucoup (beaucoup) de fruits en fonce-dalle. Au début c’est bizarre et puis par la suite on s’y fait, et c’est vraiment beaucoup plus frais pour le palais. Quand j’ai des potes qui passent chez moi j’aime bien leur préparer une petite surprise comme par exemple plusieurs petits plats, dans lesquels j’épluche et je coupe les fruits que j’ai choisi et alors quand on fume tous ensemble, ça nous fait un petit buffet de fruits à goûter et c’est à chaque fois un régal.
Mao (24 ans), méthodique
La meilleure foncedalle est totalement ritualisée. Étape 1 : mon coloc me propose de fumer… bien sûr, j’accepte. Étape 2 : je file au supermarché acheter de quoi survivre à la future foncedalle : Krisprolls (dorés, attention), Mozzarella (di bufala, attention), et si c’est pas la fin du mois, je m’envoie un bon pesto. Étape 3 : Fumer le J à notre fenêtre en débattant de sujets plus intéressants les uns que les autres : « Quel est l’animal le plus fort du monde ? ». Étape 4 : Là, c’est le moment critique. Mon estomac réclame des mets délicieux. Je prends donc la mozzarella, je la coupe en tranches, que je dépose délicatement sur un Krisprolls. Je verse un filet d’huile d’olive (italienne, fabriqué par le daron), une lichette de pesto, du poivre et du sel aromatisé à la truffe. Je répète cette opération jusqu’au prochain round gentiment proposé par mon coloc. Je pensais pas raconter mes foncedalle à VICE, bordel.
Marie (23 ans), srirachafondlesballons
Des nouilles, parce que j’ai vraiment la flemme, celles qui viennent toutes prêtes dans un seul sachet (les pâtes, la sauce, les condiments…), où t’as qu’à rajouter de l’eau à la fin. J’ai la flemme de cuisiner un repas entier quand je suis en fumette. Généralement, je suis pas chez moi parce que j’habite encore chez mes parents. Si je suis chez des potes, je fais la curieuse et je check toutes les sauces qui sont disponibles dans les placards pour rajouter une touche perso. Mais bon, en général je finis toujours par foutre la même, la sauce sriracha. Et bien sûr avec de la ginger beer, j’adore la ginger beer. Si je veux me la péter et la jouer bling bling, je rajoute des cacahuètes ou des oignons frits, signature de la cheffe.
Natascha (23 ans), House of Pain
Question existentielle for sure : du pain
Romain (29 ans), mode expert
Y’a deux écoles : la foncedalle seul ou la foncedalle en groupe. Quand je suis seul, ça peut passer par des gâteaux aux pépites de chocolat avec un bon yaourt aux fruits à une glace ou des croque-monsieur. C’est vraiment un plaisir de cuisiner foncedé avec les potes, les possibilités sont infinies. Côtes de bœuf avec pommes de terre sautées, poulet farci au pain, pâtes saucisson fromage, brunch-time avec plein de choses. En vrai, j’imagine toujours mes repas comme un truc qui doit me satisfaire au max.
Alberto (25 ans), la faim justifie les moyens
La situation classique où t’es tout seul à la maison, tu chill au max après le boulot, t’as déjà graille ton repas du soir et tu commences à fumer pour digérer. Bien sûr, tu commences à re-avoir la dalle sauf que t’as déjà tout mangé. Du coup, souvent ce que je fais, c’est que je check dans mes placards si j’ai pas un sachet de popcorn. Sur la boîte c’est marqué que c’est pour 4 personnes mais bon… Je fous tout à la poêle. Au final, tu remplis ton bide de popcorns, avec le quart qui finit soit sur ton pull soit sur ton canap’… Pas glorieux.
Michael (21 ans), puriste
Un autre joint.
Elliot (âge non communiqué), palme d’or de la flemme sponsorisée par votre supermarché de proximité
Des crêpes au thon [voir photo cette affreuse photo de couverture, NDLR].
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