Ces ours polaires ont réussi à s’adapter au changement climatique
Cette découverte publiée ce jeudi 16 juin dans la revue Sciencedonne l’espoir qu’au moins quelques représentants de cette espèce puissent survivre au cours du siècle, sachant que la banquise de l’Arctique devrait finir par complètement disparaître en été.
Cette fonte rapide de la banquise dans l’Arctique représente une grave menace pour la survie des ours polaires, qui s’en servent comme d’une plateforme pour chasser les phoques. “L’une des grandes questions est de savoir où les ours polaires vont pouvoir se maintenir”, a expliqué à l’AFP Kristin Laidre, scientifique à l’université de Washington et à l’Institut des ressources naturelles du Groenland.
Kristin Laidre et ses collègues ont d’abord passé deux ans à interroger des chasseurs inuits. Ils ont ensuite fait un travail de terrain entre 2015 et 2021 au Groenland, une région très peu étudiée à cause des fortes chutes de neige et de ses montagnes escarpées.
Les ours du Sud plus inactifs
Pendant six ans, chaque année, les chercheurs y ont passé un mois au printemps vivant au plus près des ours polaires. Ils les ont ensuite équipés de dispositifs de localisation par satellite pour suivre leurs déplacements et mieux les comprendre. Les scientifiques ont également prélevé de l’ADN d’ours polaires sur les prises des chasseurs.
Toutes ces informations récoltées, les scientifiques les ont ensuite comparées à 30 ans de données historiques sur les populations d’ours polaires du nord. Résultat: la population d’ours du sud du Groenland se distingue de ceux du nord à bien des égards.
Ceux du sud sont plus inactifs. Alors que les ours polaires parcourent habituellement environ 40 km tous les quelques jours, ceux du sud ne se déplacent que de 10 km dans le même laps de temps. Ils ne vivent pas non plus dans le même environnement: la population du sud vit dans les fjords, des bras de mer étroits formés par les glaciers.
En plus d’un mode de vie différent, les ours polaires du sud semblent uniques sur le plan génétique. Leur ADN diverge de celui de leurs voisins du nord, ce qui suggère que les groupes ne se sont jamais croisés. L’équipe pense que la géographie difficile du sud du Groenland, avec ses montagnes escarpées, ses vastes couches de glace et ses rivières en charge, a isolé le groupe il y a plusieurs centaines d’années.
Une adaptation impossible pour certains ours
Surtout, ces ours du sud ont trouvé un moyen de ne pas mourir de faim quand la banquise se retire. Sans le sud-est du Groenland, les ours polaires n’y ont accès que pendant quatre mois, entre février et la fin mai. Les huit autres mois, ils utilisent les morceaux de glace d’eau douce comme socle pour chasser.
Ce comportement semble permettre à ces ours polaires du sud une meilleure adaptation au réchauffement des températures, mais les auteurs préviennent que les populations d’autres régions pourraient ne pas avoir autant de chance. Ils préviennent que d’autres ours polaires pourraient ne pas trouver les habitats dont dépendent ceux du sud du Groenland pour faire face au déclin de la glace de mer.
“Nous devons faire attention à l’extrapolation de nos résultats, car la glace de glacier qui permet aux ours du sud-est du Groenland de survivre n’est pas disponible dans la majeure partie de l’Arctique”, explique Kristin Laidre dans un communiqué de presse. “Nous nous attendons toujours à voir de grands déclins d’ours polaires dans tout l’Arctique sous l’effet du changement climatique”.
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