Les « Shebeens » ou « blues parties » ont fait leur apparition dans les quartiers noirs caribéens comme Handsworth et Aston, où l’on pouvait écouter les derniers morceaux de reggae. Une tradition perpétuée par leurs enfants. De jeunes Blancs ont alors commencé à affluer vers ces soirées, créant ainsi un melting-pot de cultures, de style et de sons.
Les fêtes étaient souvent organisées dans des maisons et dans des appartements. On y trouvait de l’herbe, du rhum blanc et des chants de « Rastafari ». Le photographe Jon Girling – formé par Vanley Burke, connu comme le parrain de la photographie noire britannique – a documenté le style et le look uniques de cette communauté : les hommes en pantalons à bretelles impeccables, coiffes rasta en laine et chapeaux en castor italiens ; les femmes sapées comme jamais dans leurs coiffes colorées ; des salles si pleines qu’on avait presque plus de place pour danser.
Le livre du Dr Simon Jones, Black Culture, White Youth : The Reggae Tradition from JA to UK documente la culture du sound system à Birmingham et se penche sur la façon dont les jeunes blancs ont adopté la culture noire. « J’ai rencontré Jon par l’intermédiaire d’un camarade de fac à Birmingham et il est devenu l’une des personnes que j’ai interviewées, pour ma thèse de doctorat », se souvient le sociologue. « C’était un mec blanc de la classe ouvrière qui était très proche de la communauté noire caribéenne locale ; il était à la fois sujet et ami très proche. »
Girling a photographié un sound system appelé Scientists of Sound – un crew qu’il connaissait particulièrement bien et qu’il a suivie dans tout le pays. Ses photos capturent la créativité des DJ de reggae et la pratique de la culture du sound system – un élément précieux de la tradition afro-caribéenne. À une époque où les discriminations et les préjugés étaient monnaie courante, Girling a su saisir le génie et l’esprit de débrouille de ces jeunes.
Il est malheureusement décédé en 2012, mais ses photos sont un témoignage précieux d’un temps fort de l’histoire des Noirs de Grande Bretagne – et de la façon dont le reggae a uni les enfants de la classe ouvrière blanche et les jeunes Noirs caribéens sous la bannière d’une bonne fête. Découvrez ses photos ci-dessous :