Comme Stromae, pourquoi nous ne devons pas culpabiliser de nos pensées suicidaires – BLOG
Comme vous, j’ai suivi sa descente aux enfers, certains ont parlé d’une dépression, d’un burn-out. Il a disparu pendant de nombreuses années.
Il revient avec un titre “Santé”; puis un autre “Enfer” (les deux titres sont à forte résonnance symbolique). “Enfer” parle des idées suicidaires et il est chanté en direct pour la première fois, lors d’un journal télévisé, en réponse à une question de la journaliste, brisant le cours de l’interview et surprenant tout le monde. La question est grave. La réponse l’est tout autant. Le sujet est rarement évoqué à la télévision et plus encore par une célébrité. Puis, tout le sait, c’est une réalité pour Stromae. Il n’y a nulle tricherie. Ce qu’il chante, il l’a vécu.
Souffrir psychiquement est suspect
Une culpabilisation sociale: ai-je le droit d’être si mal quand j’ai tout et que d’autres n’ont rien? Cette envie de mourir est-elle raisonnable? “Je culpabilise”, dit-il… Jusqu’à la honte… Au fond, il dénonce deux choses très importantes: la souffrance psychique ne s’expose pas, elle n’est politiquement pas correcte, elle n’entre pas dans les codes normés du bien-être; et la mort est sans doute le dernier tabou de notre société qui aime tant se parer de masques et d’illusions.
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La culpabilisation sociale portée par des injonctions à ”être” (en bonne santé, joyeux, successful, en forme…) nous interdit d’exprimer le moindre mal-être. Souffrir psychiquement fait de nous des “individus suspects”. Alors il ne nous reste plus qu’à souffrir en silence dans une double peine: non seulement je dois combattre ce mal-être, mais en plus je dois combattre la honte de l’éprouver.
La victoire de la sincérité sur la culpabilisation sociale
Cependant, tout est “conçu” à l’avance: la mise en spectacle, la mise en musique, la bonne question. Tout est cousu de fil blanc. Rien n’est plus spontané. Cela devient un show… un divertissement… un jeu. Un jeu sur de la sincérité: était-ce nécessaire dans la “forme” d’utiliser un tel faux-semblant quand tout est vrai, quand tout est fort parce que vrai? Mais au fond, vous avez raison, au regard du message délivré, cela n’est qu’un détail.
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Puis, bien pire encore: les innombrables élucubrations autour de ce moment de télé donnèrent naissance à une abjecte polémique. Au lieu de parler du vrai sujet: la place du suicide dans notre société policée… les médias glosent sur le bien-fondé de cette scène jusqu’à aller dire que cela discréditait l’information (!!!). En somme, parler du détail pour ne pas voir l’essentiel, pour ne pas s’y confronter; rester dans le divertissement pour fuir la misère et la réalité de la condition humaine (Pascal). Et continuer à mettre des masques et des œillères sur un comportement, qui au fond est terriblement humain, car éprouver la possibilité de la mort est aussi ce qui permet de donner une vraie valeur à la vie.
«Osons parler des mal-être, oser briser le silence et en cela, rejetons en masse la culpabilisation sociale.»
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