Et pour cause: la Primaire populaire compte 150.000 inscrits de plus que “l’investiture populaire” mise en place par le candidat insoumis et presque 350.000 votants supplémentaires que ceux de la primaire écolo. Et que dire de l’écart entre ce potentiel corps électoral et les 22.480 socialistes qui ont désigné Anne Hidalgo au mois d’octobre. Un possible booster de légitimité que Christiane Taubira, considérée comme favorite de ce scrutin, compte saisir après avoir d’abord hésité.
“Aujourd’hui est un jour décisif. Jamais, dans une élection présidentielle en France, des centaines de milliers de citoyennes et de citoyens n’avaient décidé de s’organiser eux-mêmes pour choisir leur candidat”, a tweeté ce dimanche l’ancienne ministre de la Justice, glissant un petit tacle discret aux candidats de gauche qui se sentent “offusqués” par l’initiative, “comme à chaque fois que le peuple s’invite à la table”.
Se donner le beau rôle
Une façon pour Christiane Taubira de mettre en cause la légitimité de ses concurrents, à l’heure où les partis traditionnels ne font plus recette et qu’aucun des candidats de gauche ne paraît à ce stade capable d’accéder au second tour.
Cette irruption déboussole, dérange, offusque même, comme à chaque fois que le peuple s’invite à la table. Ce mouvement est historique, massif, il porte la voix de celles et ceux qui veulent une société plus juste et plus démocratique, une réponse radicale à la crise climatique.
— Christiane Taubira (@ChTaubira) January 23, 2022
Cette position, consistant à se donner le beau rôle dans un contexte morose, agace fortement dans les rangs écolos. “C’est moche ce populisme bon teint alors que c’est d’éducation populaire dont la société a besoin”, a répliqué Alexis Braud, bras droit de Yannick Jadot, qui a pris l’habitude ces derniers jours de tirer à boulets rouges sur le “vaste mensonge” qu’est devenu à ses yeux la Primaire populaire. Mais les critiques émises par les différentes écuries de gauche à l’endroit de cette initiative sont elles audibles?
Pas pour le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, qui a d’ores et déjà fait savoir dans Libération qu’il soutiendra celui ou celle qui sortira vainqueur de ce processus. “Et je ne donnerai mon parrainage qu’à la femme ou l’homme qui en sera sorti majoritaire”, prévenait la semaine dernière l’architecte du Printemps marseillais, une coalition hétéroclite réalisée -dans la douleur et en dehors des partis- lors des élections municipales (pour rappel, LFI et EELV n’avaient rejoint l’aventure qu’au second tour).
Pour l’élu marseillais, les partis sont ”à bout de souffle” et la gauche ne peut sérieusement rester sourde à ce qui ressortira d’un scrutin qui réunit plusieurs centaines de milliers de citoyens.
C’est également ce que pense Christiane Taubira. “Je suis celle qui accepte les risques d’une investiture citoyenne, celle qui accepte de constater qu’à l’échelle des candidats et des partis l’union n’a pas été réalisée, et que la seule perspective, c’est la Primaire populaire”, a-t-elle déclaré mardi 18 janvier sur France inter, alors que tous ses concurrents de gauche se sont désolidarisés du processus. Ce qui a eu pour effet mécanique de laisser l’ancienne garde des Sceaux seule dans une compétition que ses détracteurs jugent taillée pour elle.
Or, si rien ne garantit à ce stade qu’elle gagnera, une issue positive lui permettra d’asseoir sa candidature, renforcée par le résultat d’un vote à 400.000 participants, dans un contexte où Anne Hidalgo est en incapacité de remplir une salle de 1200 places dans un département pourtant présidé par le Parti socialiste.
Un appui citoyen incontestable qui trancherait cruellement avec la sinistrose qui mine la gauche, et qui permettrait à Christiane Taubira de poursuivre l’aventure. Au grand dam de ceux qui ne voulaient ni d’une candidature supplémentaire, ni de la Primaire populaire.
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