Comment le documentaire « Hold-Up » a berné les plateformes de crowdfunding
Si son relais par des personnalités particulièrement suivies sur les réseaux sociaux, de l’actrice Sophie Marceau (500.000 abonnés) à la candidate de télé-réalité Kim Glow (1 million d’abonnés) a indéniablement attiré la lumière sur le documentaire “Hold-up” le jour de sa sortie, l’engouement pour cette production qualifiée de “propagande complotiste” et de “fake news sur fake news” par de nombreux politiques et scientifiques est d’abord né sur des plateformes de financement participatif.
Un “Hold-Up” de 300.000 euros auprès des internautes
Car si les producteurs de “Hold-Up” ont pu enregistrer et monter les témoignages de l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy (qui a depuis pris ses distances avec le documentaire), de l’infectiologue Christian Perronne, fervent partisan de Didier Raoult et déjà critiqué par le ministère de la Santé pour avoir jeté “le discrédit” sur les professionnels de santé, ou de la députée ex-LREM Martine Wonner, c’est grâce à la centaine de milliers d’euros récoltés en ligne. En août 2020, TProd et Tomawak, les sociétés de production du film, créent une cagnotte sur Ulule. L’argent récolté doit permettre de “payer les journées de studio d’enregistrement, le mixage, les archives TV, les traductions en anglais et les frais de production”.
En moins de quatre jours, l’objectif de 20.000 euros est atteint. Et la collecte se poursuit de plus belle jusqu’à atteindre la somme de 182.970 euros au 1er octobre.
Interpellé par de nombreux internautes depuis la mise en ligne du documentaire financé grâce à Ulule, le PDG de la plateforme de crowdfunding a publié une série de messages sur Twitter ce jeudi 12 novembre dans lequel il explique sa position. Il y explique que la description du projet par ses créateurs a été volontairement “euphémisée” pour “passer la modération”, avant que le propos ne soit “radicalisé durant la campagne”.
“Le projet a été ‘pitché’ le 11 août sur la plateforme. Il s’est lancé le 17 août. Très vite on s’est rendus compte qu’il débordait du cadre initial supposé (le pluralisme des voix) pour devenir un étendard de thèses complotistes très éloignées de ce que l’on défend sur Ulule”, concède-t-il.
Conscient que le projet “Hold up” a ”échappé” à la vigilance de ses modérateurs, Alexandre Boucherot indique que la collecte n’a pas été supprimée pour ”éviter tout effet Streisand”, phénomène médiatique qui encourage l’exposition d’une publication alors que le but était plutôt d’en faire abstraction, et que “l’intégralité de la commission Ulule perçue sur le projet” sera reversée ”à une association de défense de l’information”.
Mais Ulule n’est pas la seule plateforme collaborative qui a permis de financer ce projet. Ce lundi 9 novembre, soit près de trois mois après le succès de la collecte sur Ulule, une nouvelle levée de fonds est lancée sur Tipeee cette fois.
Ici l’objectif indiqué des producteurs est de “financer le surcoût des archives et ainsi pouvoir le retrouver légalement et à titre gratuit sur des plateformes tels que YouTube ou Facebook afin qu’il soit visionné par le plus grand nombre, ce qui est évidemment notre souhait le plus cher.” En moins de 4 jours à nouveau, la cagnotte affiche plus de 110.000 euros connectés grâce à quelque 5000 “tipeurs”.
Contacté par Le HuffPost sur le rôle de modération de la plateforme autour de cette collecte, Tipeee n’a pas répondu à nos sollicitations. Le fondateur Michael Goldman a assuré à BFM Tech qu’il “s’agit en tout cas de l’un des plus importants montants, sinon le plus important, investi à ce jour sur Tipeee, en un délai aussi réduit”.
Pour l’heure, le dirigeant assure que le projet de “Hold-Up” est “encore en cours de validation”: “Nos équipes valident près de 150 projets par semaine et Hold-Up fera partie du lot examiné d’ici la fin de la semaine”.
Capture d’écran Tipeee
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