Comment le vaccin Pfizer est devenu le « préféré » des Français

Le calcul est vite réalisé et c’est pourquoi les centres de vaccination ou les pharmacies privilégient désormais Moderna pour les personnes de plus de 30 ans. C’est également la raison pour laquelle certaines personnes ont pu recevoir un SMS de leur centre de vaccination leur spécifiant que Moderna pourra leur être proposé à la place de Pfizer.
Ce mélange des genres, ou plutôt des flacons, n’est pas au goût de tous, bien au contraire. “C’est du Pfizer ou du Moderna? Non parce que s’il n’y a pas de Pfizer, moi, je vais voir ailleurs, vous savez!”, s’interroge une “vieille dame”, comme le rapporte Libération, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). “Il y a carrément des gens qui demandent à voir le flacon de leurs propres yeux avant de se faire piquer!”, lance la directrice du centre. “Mercredi, neuf personnes qui avaient pris rendez-vous sont reparties sans se faire vacciner quand elles ont su qu’elles ne pourraient avoir que du Moderna”, relate de son côté Jeanne-Yvonne Falher, responsable du centre de vaccination de Ploufragan (Côtes-d’Armor), dans un reportage de BFMTV.
A priori positif
Pour le comprendre, il faut reprendre le déroulement de la pandémie depuis son début. “Plusieurs marques de vaccins sont sorties, et Pfizer est celle qui a été le plus plébiscitée par les médias, mais pas seulement. La communication autour de ce vaccin n’a pas souffert d’autant de bad buzz que les autres”, souligne-t-elle.
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Très rapidement, en effet, le vaccin AstraZeneca est pointé du doigt après la confirmation d’un lien avec des cas de thrombose observés après administration. En mai, la HAS et l’ANSM recommandent de restreindre l’utilisation de ce vaccin aux personnes de 55 ans et plus. De son côté, Moderna est suspendu en Suède pour les moins de 30 ans en octobre. Dans la foulée, en France, la HAS publie le même avis. En cause, cette fois, l’accroissement de risque de myocardite et de péricardite pour cette population. Dans les faits, même si le risque est moins élevé, de mêmes effets ont été relevés après injection de Pfizer.
“On en a discuté au sein du comité vaccin, et il semble bien que Moderna ait été injustement lié au vaccin AstraZeneca”, soulignait dès le mois d’avril Stéphane Paul, immunologiste et membre du comité scientifique vaccin Covid-19, auprès de Marianne. “Car les deux ne partagent guère plus qu’une lettre finale: pas d’effets secondaires graves similaires, et des technologies différentes.” “Dès qu’on communique, ce qui est bien évidemment central, autour d’un vaccin qui n’est pas souhaitable pour tous, on crée le doute. Cela permet déjà d’expliquer un rapport plus favorable envers Pfizer”, note Romy Sauvayre.
La force de l’expérience
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Si tous les Français sont loin d’être réticents à se faire injecter du Moderna, comme l’a constaté La Dépêche, pour d’autres, le mal semble fait. Mais pour expliquer ce désamour de Moderna face à Pfizer, il faut également prendre en compte un autre facteur, celui de l’habitude. “Ces personnes ont déjà eu une ou deux doses de Pfizer, elles savent à quoi s’attendre. Comme le dit très bien l’adage, on sait ce qu’on perd, pas ce qu’on retrouve. L’expérience personnelle d’un vaccin, ou celle de ses proches, tout cela en facilite l’acceptation”, explique la sociologue.
Mélange des flacons
L’intérêt des Français pour les vaccins contre le Covid, leur composition, leur fonctionnement, est certainement proportionnel aux craintes que suscite l’épidémie. Mais comme le souligne pour Libération la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, il est “troublant que nous soyons tous à nous préoccuper de quelle marque est notre vaccin alors que collectivement, personne ne se préoccupe de savoir quel est le laboratoire qui a fabriqué sa dose de grippe, qui a environ le même temps de développement [que le vaccin Covid, soit environ un an, NDLR], ou de savoir si notre dose de rappel de DTPolio est la même que celle de la fois précédente”.
Romy Sauvayre tempère: “Les Français se sont toujours intéressés à la composition des vaccins. Mais ici, la médiatisation scientifique les a amenés à développer leurs connaissances, ils se penchent plus sur la technologie, le fonctionnement, d’autant plus quand elle a l’air d’être une innovation”, explique-t-elle.
Quelle que soit leur préférence, une chose est sûre, le calendrier du gouvernement en termes de vaccination risque de s’accélérer. D’ici fin janvier, il espère que le pass vaccinal sera adopté pour remplacer le pass sanitaire. Objectif: en pleine “course contre la montre”, mettre la pression sur les non-vaccinés, quelle que soit la dose qu’ils n’ont pas encore choisie.
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