Comment mon ex et moi avons relevé les défis inattendus de la garde alternée en temps de Covid – BLOG
Je me suis récemment remariée avec un homme qui a lui aussi des enfants. Nous formons donc une famille recomposée de trois enfants issus de nos précédentes relations. Il a la garde de ses deux garçons 50% du temps, et moi, celle de ma fille 50% du temps aussi. Notre vie est faite d’une bonne dose d’organisation et de compromis impliquant de nombreux parents.
En Californie, nous avons eu droit aux écoles qui ferment pour cause d’incendies, d’inondations et autres catastrophes naturelles, mais elles rouvrent d’habitude au bout d’une quinzaine de jours. Personne n’imaginait que nos enfants resteraient à la maison aussi longtemps. C’était quelque chose de tout à fait nouveau pour mon mari et moi de devoir composer avec nos ex-conjoints.
Auparavant, mon ex-mari et moi déposions ou récupérions notre fille à l’école, ce qui signifiait que je pouvais passer des semaines sans aucune raison de le voir. Certes, il y avait parfois des événements scolaires ou des changements d’emploi du temps qui impliquaient qu’on dépose notre fille en dehors des heures d’ouverture, mais ces occasions restaient rares. Autrement dit, cela faisait longtemps que je n’avais pas dû le voir régulièrement, et je dois dire que j’appréhendais un peu la suite des événements.
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Dès notre divorce, nous avons adopté la garde alternée, mais nous avons hésité entre rester bons amis et se parler le moins possible. Au moment de la séparation, nous avons eu beaucoup de mal à trouver un équilibre avec les deux foyers et nous adapter au nouveau régime de garde. Nous avions des avis différents sur l’éducation, l’heure du coucher, la discipline, les repas, et nous étions en compétition permanente pour être le meilleur parent.
Nous avons finalement pu mettre nos egos de côté et nous mettre d’accord afin de créer une certaine continuité pour notre fille. J’ai mis du temps à me défaire de mon besoin de tout contrôler, à accepter que c’est à lui de décider de ce qui se passe sous son toit et que certaines limites doivent être posées.
Mais avec l’école à la maison et les restrictions liées au coronavirus, nous avons dû composer avec un ensemble de nouvelles normes.
Nous avons débattu plusieurs fois de savoir si nous faisions bien les choses. Il a fallu décider s’il était important que notre fille, qui est en maternelle, participe à tous ses rendez-vous Zoom. Les cours de sport sont-ils vraiment indispensable alors qu’elle passe déjà ses journées à courir dans toute la maison?
Les enfants plus âgés de mon mari avaient des devoirs à rendre, et quelques-uns ont disparu entre leurs deux maisons. Nous devions aussi nous mettre d’accord sur ce qui serait acceptable en termes de distanciation sociale et de sorties hors de la maison.
«Mon ex s’assurerait-il que notre fille porterait son masque en public et accepterait-il de limiter les séances de jeux et autres interactions? Pouvais-je faire confiance aux autres adultes qui partagent la vie de nos enfants pour prendre des précautions afin d’éviter que nous tombions tous malades?»
Les ex sont souvent enclins à critiquer ce que vous faites quand vous avez la garde des enfants, ce qui nous donnait à tous une conscience aiguë de toutes nos décisions. Tout le monde était sur les nerfs. Il fallait prendre en compte deux familles et trois foyers et j’ai jugé important de faire en sorte que nous soyons tous sur la même longueur d’ondes. Mon ex s’assurerait-il que notre fille porterait son masque en public et accepterait-il de limiter les séances de jeux et autres interactions? Pouvais-je faire confiance aux autres adultes qui partagent la vie de nos enfants pour prendre des précautions afin d’éviter que nous tombions tous malades?
En parlant avec d’autres parents divorcés, je me suis rendu compte que mes inquiétudes étaient partagées. Nos problèmes étaient dérisoires en comparaison de ce que d’autres avaient à gérer. Il y avait des parents qui se servaient de la Covid-19 dans leur quête d’obtenir la garde, des parents exerçant un métier essentiel qui se trouvaient dans l’incapacité de se libérer, tandis que d’autres perdaient leur emploi ou, pire, s’inquiétaient de problèmes de négligence ou de maltraitance. C’était une période difficile pour tout le monde et j’avais de la peine pour bien des enfants de ma connaissance.
Avec le temps, la relation avec mon ex-mari s’est améliorée. Nous avons interagi régulièrement. Je peux même dire que nous sommes redevenus amis. Nous avons fini par nous rendre compte que nous étions dans la même galère, que cela nous plaise ou non. Alors, autant faire en sorte que cela se passe au mieux.
Il nous est arrivé de dîner et de passer du temps ensemble avec notre fille, et je lui ai même coupé les cheveux deux fois dans notre cour. Il faut atteindre un certain degré de confiance pour laisser votre ex-femme s’approcher avec des ciseaux.
En somme, rien de tout cela ne serait arrivé si nous n’avions pas été contraints de nous voir tous les deux jours. Attention: voir mon ex-mari tous les matins avant de prendre mon café ne fait pas partie de mes activités favorites. Mais notre fille se portait à merveille, et c’est le plus important. Elle a beaucoup apprécié le fait de nous voir plus souvent tous les deux, et ce temps passé ensemble nous a permis de prendre des décisions rapidement et d’organiser nos emplois du temps facilement.
Maintenant que les enfants ont retrouvé le chemin de l’école, mon ex-mari et moi nous entendons toujours bien. Tout le monde s’est un peu détendu et nous avons appris à vivre à un rythme très différent. Nous continuons à communiquer en tant qu’amis et partageons même parfois une blague ou un café de temps à autre. Mon ex-mari est le bienvenu chez nous et bien qu’il n’ait plus besoin de venir régulièrement, je le vois toujours bien plus qu’avant.
Mon mari est tout à fait d’accord sur ce point et traite toujours mon ex-mari avec le respect et la dignité que l’on doit à tous les pères. Notre vie a beau être chaotique et compliquée, je n’ai jamais été aussi heureuse. Nos enfants grandissent dans trois foyers aimants et ils ont la chance d’avoir plusieurs modèles positifs dans leur vie.
Nous ne sommes pas près d’oublier cette période exceptionnelle, mais elle me rend confiante dans l’avenir et dans ce qui nous attend sur notre parcours de parents.
Ce blog, publié sur le HuffPost britannique, a été traduit par M. André pour Fast ForWord.
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