Corée du Nord: Kim Jong Un rejette l’offre de dialogue des États-Unis
Le gouvernement Biden a dit à plusieurs reprises être disposé à rencontrer des responsables nord-coréens partout, à tout moment et sans conditions préalables, dans le cadre de ses efforts de dénucléarisation.
Mais dans un discours-fleuve devant l’Assemblée suprême du peuple, le “parlement” nord-coréen, Kim Jong Un a qualifié cette offre des États-Unis de “façade pour masquer leur fourberie et leurs actes hostiles, et une poursuite de la politique hostile des précédentes administrations”.
“Depuis l’avènement de la nouvelle administration américaine, la menace militaire des États-Unis et leur politique hostile à notre encontre n’ont pas changé du tout, elles sont devenues plus trompeuses”, a poursuivi Kim Jong Un, selon des propos rapportés par le quotidien officiel Rodong Sinmun.
“La crise la plus fondamentale qui met en pièces les principes de base de la paix et de la stabilité internationale est l’abus de pouvoir et la coercition par les États-Unis et leurs partisans”, a ajouté le dirigeant nord-coréen.
En réponse, les États-Unis ont affirmé n’avoir “aucune intention hostile” envers la Corée du Nord et renouvelé leur appel au dialogue. “Notre politique vise une approche graduelle et pratique pour une diplomatie sérieuse et durable avec la Corée du Nord”, a assuré un porte-parole du Département d’État américain.
“Les États-Unis sont prêts à rencontrer des responsables nord-coréens sans conditions préalables. Nous espérons que la Corée du Nord répondra de façon positive à notre offre”, a-t-il ajouté.
“Deux poids deux mesures”
Kim Jong Un a par ailleurs jugé prématuré le récent appel du président sud-coréen Moon Jae-in à mettre officiellement fin à la guerre de Corée (1950-1953) qui s’était achevée par une trêve et non par un traité de paix, laissant les deux parties techniquement en guerre depuis.
Un tel acte ne pourra avoir lieu que lorsque “le respect mutuel sera garanti et les opinions injustes et le deux-poids-deux-mesures abandonnés”, a averti le leader nord-coréen.
Mercredi, quelques heures avant le discours du dirigeant nord-coréen, l’émissaire américain pour la Corée du Nord, Sung Kim, avait réitéré l’offre de dialogue américaine.
“Nous sommes fermement engagés à trouver une voie diplomatique pour parvenir à la dénucléarisation de la Péninsule coréenne”, avait-il dit à des journalistes. “Cela n’a pas changé du tout”, avait-il ajouté.
Selon le diplomate américain, Washington a proposé à Pyongyang “un dialogue sur un large éventail de sujets, mais nous n’avons pas eu de réponse, et nous espérons avoir bientôt des nouvelles”.
Les pourparlers entre Washington et Pyongyang sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de 2019 à Hanoï entre Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump.
Depuis l’arrivée de Kim Jong Un au pouvoir, les programmes d’armement ont progressé, Pyongyang les justifiant par la nécessité de se protéger contre une éventuelle invasion américaine.
Réunion au Conseil de sécurité de l’ONU
La Corée du Nord n’a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017. Mais elle a affirmé cette semaine avoir testé un missile planeur hypersonique ce qui, si la véracité de l’information est confirmée, constituerait une avancée technologique majeure.
Les missiles hypersoniques sont beaucoup plus rapides que les missiles balistiques ou de croisière classiques. Ils sont aussi beaucoup plus difficiles à détecter et à intercepter par les systèmes de défense antimissile.
Le Conseil de sécurité de l’ONU prévoit de se réunir d’urgence ce jeudi sur la Corée du Nord, à la demande des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, selon des sources diplomatiques.
Cette session se tiendra en principe dans la matinée et à huis clos, a précisé à l’AFP l’une de ces sources, sans indiquer si elle pourrait donner lieu à l’adoption d’une déclaration commune du Conseil de sécurité.
Cette demande trilatérale de Washington, Paris et Londres est la première marque d’unité de ces trois capitales depuis la crise qui a opposé la France aux États-Unis et au Royaume-Uni dans l’affaire des sous-marins australiens.
C’est aussi la première fois depuis très longtemps que les États-Unis prennent l’initiative d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord.
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