Coronavirus: où les nouveaux clusters se créent-ils le plus?
Dans son rapport hebdomadaire publié également ce vendredi, Santé Publique France fait le point sur les 386 foyers épidémiques recensés depuis le 9 mai dont 97 sont toujours en cours d’investigation. Elle évoque par ailleurs leur répartition sur l’ensemble du territoire, un détail qui permet de mieux comprendre où se diffuse désormais le nouveau coronavirus en France.
Ainsi, c’est le département du Nord qui en compte le plus, avec 12 foyers épidémiques en cours recensés (31 depuis le 11 mai, un record national) Il est suivi de la Mayenne, placée en seuil d’alerte, et où le port du masque est rendu obligatoire sur tout le territoire depuis vendredi.
Si pendant l’épidémie, les établissements de santé et les établissements sociaux d’hébergements, dont Ehpad, étaient en première ligne des contaminations, ils sont désormais proportionnellement moins représentés, au contraire des cadres privés et professionnels.
Réunions familiales et événements privés
Sur les 97 clusters en cours d’investigation, 15% sont des foyers épidémiques qui se sont déclarés dans le milieu familial élargi, et 12% lors d’événements public ou privés (en augmentation de près de 8% par rapport au 1er juillet).
Santé Publique France
En Nouvelle-Aquitaine, où les autorités sanitaires appellent la population à se “ressaisir”, sur les dix clusters en cours d’investigation, seul un est situé dans un Ehpad. Tous les autres concernent des événements privés et le cercle familial ou l’entreprise. “La saison propice aux retrouvailles familiales et aux festivités diverses présente un contexte favorable à une reprise active de la circulation du virus en Nouvelle-Aquitaine, région, de surcroît, très touristique”, met ainsi en garde l’ARS qui rappelle l’importance des gestes barrières.
En Mayenne, les milieux professionnels et “sociaux” sont également pointés du doigt “Aujourd’hui [le] nombre simultané [de clusters] est important en Mayenne. Et nous sommes en mesure de relier certains de ces clusters entre eux, montrant qu’ils se nourrissent mutuellement. Comme ils surviennent dans les environnements sociaux ou professionnels particulièrement favorables à la diffusion du virus, le risque d’amplification de la transmission est important”, note le docteur Pierre Blaise de l’ARS Pays de la Loire.
Une situation qui prévaut également à l’international. La ville de Melbourne en Australie, qui a récemment été reconfinée, a d’abord commencé par fermer des écoles alors que quatre clusters avaient été identifiés dans des familles. Ils ont au moins permis la contamination d’une cinquantaine de personnes.
En Espagne, où Barcelone a récemment été reconfinée, sur la centaine de clusters en cours, près de 40% sont liés à des rassemblements familiaux et sociaux, analysait El Pais le 14 juillet dernier. Le quotidien identifiait également les milieux professionnels comme particulièrement propices à la propagation. Tout comme en France.
Vigilance en entreprise
Si les événements privés et familiaux sont prévalents, le milieu professionnel s’impose lui aussi comme un terrain favorable à la création de foyers épidémiques. Les entreprises représentent ainsi 25% des clusters en cours d’investigation (en augmentation de 5% par rapport au 1er juillet), alors qu’elles étaient de fait plutôt absentes au plus fort de l’épidémie quand télétravail et chômage partiel s’imposaient.
Dans le Nord, les autorités demandent ”à tous les employeurs de veiller à la sécurité de leurs salariés en imposant des mesures de protection, le strict respect des gestes barrières et de faire respecter l’obligation prochaine du port du masque dans les lieux clos”.
Parmi les exemples saillants à l’international, celui de cet abattoir en Allemagne qui a mené à la contamination d’un millier de personnes. Résultat, 6500 employés de l’entreprise et leurs familles ont été placés en quarantaine.
Sur Franceinfo, Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris évoque notamment le cas d’un call-center en Corée, identifié comme l’un des plus grands clusters du pays. ”Dans un call-center, les gens travaillent dans des open-spaces. Ils sont proches les uns des autres. Ils parlent. On sait que parler est un facteur qui va augmenter l’excrétion du virus”, détaille-t-elle, plaidant pour un renforcement du port du masque.
Santé publique France appelle toutefois à la vigilance quant aux chiffres concernant les entreprises et au risque d’effet d’aubaine. “La survenue d’un cluster dans une entreprise peut conduire à des actions de dépistage et un afflux de patients dans un service d’urgence ou dans un laboratoire, faisant augmenter ponctuellement” le taux “sans pour autant qu’il y ait une réelle intensification de la circulation du virus”, ajoute SPF. C’est le cas pour la Bretagne, où quatre foyers ont été identifiés dans le Finistère et un dans les Côtes-d’Armor, ce qui a “induit un plus grand nombre de dépistages et donc” une augmentation du taux de reproduction, est-il précisé.
Port du masque en entreprise?
Actuellement le port du masque en entreprise est obligatoire lors que le respect des distanciations n’est pas possible ou lorsque le contact avec du public est fréquent, comme chez le coiffeur.
Pour des médecins signataires d’une tribune, mise en ligne dimanche dernier par Libération, il est ainsi “indispensable” que la mesure du port du masque obligatoire dont le décret se fait encore attendre s’applique aussi “sur les lieux de travail”. “Le virus ne connaît en effet pas la subtilité des définitions administratives des lieux clos, il est le même partout”, estiment-ils, dans une réaction transmise à l’AFP.
Vraisemblablement ce n’est pas pour tout de suite, Jean Castex ayant plaidé dansLe Parisien a du cas par cas en ce qui concerne les entreprises.
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