Son scénario n’a rien à envier à OSS 117 ou The Artist, autres long-métrages notables du réalisateur français oscarisé. Il suit le tournage d’un film de zombies qui tourne au fiasco. Et ce, dès le début quand son cinéaste, un homme en mal de reconnaissance et au nom semble-t-il japonais, s’en prend violemment à deux de ses acteurs au beau milieu d’une scène. L’un se prend une gifle. L’autre de violentes critiques pour son jeu médiocre.
Le cinéaste, furieux, s’enfuit de la pièce. C’était, au moins, la trentième prise. L’équipe est au bout du rouleau, mais pas de ses surprises car une attaque de zombies, une vraie, va leur tomber dessus. Enfin ça, ça n’est que la première partie du film…
Un film dans le film
Remake d’un film japonais catastrophe, avec notamment Bérénice Béjo et Romain Duris au casting, Coupez!, dont vous pouvez voir ci-dessous la bande-annonce, promet sa dose d’hémoglobine à Cannes.
“Se présentant au départ comme un film de zombies de sous-catégorie, il va progressivement passer au détournement de films de zombies, puis se transformer en comédie de situations, pour finir dans un genre nouveau, qui, en s’apparentant à un faux making-of, réunit toutes les facettes que le film a explorées jusque-là dans un final explosif”, raconte Hazanavicius dans les notes de production.
Son film n’est pas seulement drôle, malin ou complètement méta, il a aussi beaucoup à dire de l’économie du cinéma. Derrière ce film de zombies tourné en un plan séquence, et dont on suit le tournage, se cachent des producteurs peu scrupuleux. Ce qu’ils veulent, c’est faire un téléfilm “juste moyen” avec peu de moyens. Résultat: c’est un fiasco, mais in fine le nombre de téléspectateurs qui ont suivi le résultat en direct est satisfaisant. Le pari est réussi.
Ça n’était pas gagné. Entre les comédiens ivres ou bloqués sur l’autoroute, les techniciens souffrant d’une diarrhée, les embrouilles et le matériel désastreux, le tournage de ce film de zombies a été un vrai cauchemar pour toute l’équipe du film (dans le film). On voit tout de son tournage et de celles et ceux qui, dans l’ombre de la caméra, ont fait de leur mieux pour sauver les meubles.
La solidarité d’un tournage
Coincé contre un mur, le cadreur doit filer sa caméra en urgence à sa collègue. Le travelling? Il se fait sur une chaise roulante. Les éclaboussures de sang? On les doit à l’ingénieuse technique de souffleuse de la truqueuse. “Le film qu’ils font n’est sans doute pas génial, mais ils le font. Ils y arrivent, c’est ce qui est important, commente Michel Hazanavicius. Vous savez, c’est difficile de faire un film. Même un mauvais film, c’est dur.”
Lisa Ritaine
Le maquillage, la prise de son, le catering, … Les couacs s’enchaînent, mais tout le monde se serre les coudes. Un seul mot d’ordre: solidarité. “Faire du cinéma, c’est à chaque fois une expérience humaine hyper fusionnelle, où pendant six, huit, douze semaines, on travaille ensemble, on vit ensemble et chacun fait du mieux qu’il peut, continue le réalisateur. Le collectif est plus fort que l’addition des individus, et l’aventure humaine est parfois plus intéressante ou plus belle que l’objet qu’on fabrique.” C’est ce que raconte Coupez!. À l’heure du Festival de Cannes, c’est tout un symbole.
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